Il n’a fallu que trois jours à l’armée française pour se rendre compte qu’elle faisait face, au Mali, à des combattants islamistes plus aguerris et mieux armés que ce qui avait été anticipé. « Ce qui nous a beaucoup frappé, c’est la modernité de leur équipement, leur entraînement et leur capacité à s’en servir », a-t-on reconnu à l’Elysée. D’où provient cet armement ? Selon plusieurs experts, les groupes actifs au Mali et dans le Sahel se sont largement fourni en Libye, ces deux dernières années. « Une quantité considérable d’armes a été volée durant la révolution. Il y en a des légères, comme les kalachnikovs, mais aussi des mitrailleuses lourdes, des lance-roquettes et des missiles sol-air de type SAM. Des stocks de grenades et d’explosifs, dont du Semtex, ont également disparu », expliquait William Lawrence, directeur de la région Afrique du Nord pour l’International Crisis Group (ICG).
La propagation d’armes à travers la Libye s’était elle-même accélérée avec les livraisons assurées par la France, au début de l’été 2011, dans le Djebel Nefoussa, près de la frontière tunisienne. « Quarante tonnes d’armement, surtout des kalachnikovs, des lance-roquettes et des explosifs ont été parachutées par l’armée de l’air. Le Qatar les avait achetées et amenées par avion à la base d’Istres. La France n’était chargée que de leur livraison », explique Jean-Christophe Notin, auteur de La Vérité sur notre guerre en Libye (Ed. Fayart). Ces armes se sont-elles retrouvées aux mains de groupes islamistes libyens qui auraient pu les donner, ou les vendre, à des combattants aujourd’hui actifs dans le Sahel ? Les autorités françaises l’ont envisagé, puisqu’elles s’en sont plaintes à l’été 2011 aux autorités qataries.