En mars 2023, l’Iran et l’Arabie saoudite ont rétabli leurs liens diplomatiques. L’accord avait été conclu sous la médiation de la Chine.
Par Moon of Alabama
Comme je l’ai fait remarquer à l’époque :
C’est énorme !
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Le rétablissement des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran rendra possible un grand nombre de nouvelles choses.
Le fait que l’Iran et l’Arabie saoudite aient accepté la médiation de la Chine est une reconnaissance de la nouvelle position de Pékin dans les politiques mondiales. Cette seule raison suffit à la Maison Blanche pour détester l’accord.
J’ai ensuite résumé l’action diplomatique au Moyen-Orient :
Au cours des 30 dernières années, les États-Unis ont considéré le Moyen-Orient comme leur arrière-cour. Il y a vingt ans, ils ont envahi illégalement l’Irak, provoquant des centaines de milliers de morts et des décennies de chaos. Aujourd’hui, la Chine, par des moyens pacifiques, a modifié l’équilibre au Moyen-Orient en l’espace d’un mois seulement.
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Xi et Poutine dirigent désormais le spectacle multilatéral mondial. Biden et les infortunés « unilatéraux » qui l’entourent sont laissés de côté.
Amwaj.media, qui traduit tout en persan, en arabe et en anglais, a publié un article écrit par deux universitaires d’Iran et d’Arabie saoudite. Une telle coopération est encore rare. On peut donc y voir une explication et/ou une vision semi-officielle des politiques mondiales de ces pays.
L’article confirme la perte d’influence des États-Unis et la montée en puissance du rôle de la Chine au Moyen-Orient (https://amwaj.media/article/how-gaza-war-is-pushing-the-region-eastward) :
Comment la guerre de Gaza pousse la région vers l’Est
Le soutien indéfectible des États-Unis à la guerre d’Israël contre Gaza a laissé un goût amer dans la région.
La colère monte non seulement dans le monde arabe, mais aussi dans l’ensemble du Sud, face à ce qui est perçu comme une politique de deux poids deux mesures de la part de l’Occident à l’égard de la poursuite de l’offensive israélienne.Tous réclament un cessez-le-feu et critiquent vivement ce qu’ils considèrent comme une agression israélienne incontrôlée.
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L’une des principales tendances de la dynamique régionale de ces dernières années a été un pivot vers l’Est. Soulignant cette évolution, l’Iran et l’Arabie saoudite ont conclu, en mars 2023, un accord historique négocié par la Chine en vue de renouer des relations diplomatiques. En particulier, le rôle de Pékin dans cette avancée a envoyé un message clair à Washington : il n’est pas le seul poids lourd diplomatique de la région.
L’Iran et l’Arabie saoudite ont chacun leurs propres raisons de privilégier de meilleures relations avec leurs voisins. Pour Téhéran, se rapprocher de Riyad représente une occasion unique de sortir de son isolement économique – après avoir enduré des années de sanctions américaines – en diversifiant ses partenariats économiques et politiques.
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Pour l’Arabie saoudite, se tourner vers l’Est fait partie intégrante de son ambitieuse Vision 2030, un vaste plan de réforme visant à diversifier son économie. La Chine, l’Inde et la Russie sont des partenaires clés dans la réalisation de cette vision, compte tenu de leurs relations commerciales étendues avec Riyad.[…]
Dans l’ensemble, Riyad comprend que le succès de la Vision 2030, en particulier son aspect touristique, dépend en partie d’un voisinage plus sûr. Les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes en 2019, imputées à Téhéran mais revendiquées par le mouvement Ansarullah du Yémen – plus connu sous le nom de Houthis – ont marqué un tournant.
Le Royaume a été choqué par l’absence d’action des États-Unis, […]
Le plan américain visant à réunir les États arabes et Israël au sein d’une coalition anti-iranienne est rejeté, écrivent les universitaires, en raison du manque de pression américaine sur Israël pour qu’il poursuive une solution à deux États.
En conséquence :
[Les États-Unis perdent leur statut de partenaire de sécurité parmi les pays de la région. Pour beaucoup, le soutien occidental total à Israël est incompréhensible et met en péril leur propre sécurité. […]
Dans l’ensemble, le pivot vers l’Asie est devenu une alternative attrayante pour les acteurs régionaux qui cherchent à contrer l’hégémonie américaine. Les pays non occidentaux sont moins enclins à adhérer aux règles du jeu de Washington, et ce penchant consolidera davantage les relations intra-régionales, d’autant plus que les acteurs clés trouvent plus de similitudes que de différences.
Bien que la perception d’un double standard de la part des Etats-Unis ne soit pas nouvelle, la volonté des pays non occidentaux de le remettre en question dans un contexte de changement de l’ordre mondial s’est accrue.Auparavant, les acteurs régionaux toléraient le statu quo, les Etats-Unis étant considérés comme la seule superpuissance.Cependant, avec la montée de nouvelles puissances mondiales à l’Est, ces acteurs ne voient aucune raison de rester silencieux à propos de la politique américaine de double standard.
Toutefois, avec la montée de nouvelles puissances mondiales à l’Est, ces acteurs ne voient aucune raison de rester silencieux face aux souffrances de Gaza tout en acceptant passivement les arguments moraux des États-Unis concernant la guerre de la Russie contre l’Ukraine.Si la tendance actuelle se poursuit, l’influence occidentale dans une région où elle a longtemps été dominante diminuera.
C’est une véritable gifle pour l’administration Biden qui semble toujours rêver qu’elle peut négocier un accord israélo-saoudien et isoler ainsi l’Iran.
L’époque où les États-Unis pouvaient dicter leur conduite au Moyen-Orient est définitivement révolue.
Moon of Alabama
Traduit par Brahim Madaci