Jusqu’où irait le régime marocain dans son bras de fer avec l’Algérie ? Après la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat, pour plusieurs raisons dont la politique du fait accompli menée par le Makhzen au Sahara occidental, au mépris du droit international, les ingérences dans les affaires intérieures algériennes en instrumentalisant le mouvement séparatiste ultra minoritaire le MAK et certains rescapés de la GIA, et la normalisation politique et sécuritaire avec l’entité sioniste considérée par Alger comme une menace directe à sa sécurité nationale, voici maintenant que les médias marocains évoquent un projet de spoliation de biens diplomatiques algériens à Rabat. Un projet contraire à la convention de Vienne et qui pourrait, s’il est mené à bout, conduire les deux pays à un point de non-retour.
Par Brahim Madaci
La réaction algérienne n’a pas tardé, comme on pouvait s’y attendre. Un communiqué du Ministère des Affaires étrangères algérien a donné le ton dès dimanche 17 mars, à peine le projet officialisé. Après avoir condamné « dans les termes les plus énergiques », le projet de confiscation des dépendances de l’ambassade de l’Etat algérien au Maroc, le gouvernement algérien, dit le communiqué « répondra à ces provocations par tous les moyens qu’il jugera appropriés ».
Les médias aux ordres du Makhzen ont révélé les détails de cette affaire de brigandage qui risque de mettre le feu aux poudres.
Le gouvernement marocain, disent ces médias, compte confisquer plusieurs dépendances de l’Ambassade algérienne à Rabat Il s’agit “d’un terrain de 619 m2, d’une résidence sur deux étages avec des bureaux au rez-de-chaussée couvrant une superficie de 630 m2, ainsi que d’une villa nommée ‘Villa du Soleil levant’, d’une superficie de 491 m2”. Le Bulletin officiel marocain en date du 13 mars donne deux mois aux concernés pour se manifester.
Le prétexte avancé officiellement pour cette opération de spoliation, est l’extension des locaux administratifs du siège du ministère des Affaires étrangères marocain, voisin de l’ambassade d’Algérie à Rabat.
Pour l’Algérie, très sourcilleuse sur le respect du droit international, il s’agit là d’ « une violation inqualifiable du respect et du devoir de protection à l’égard des représentations diplomatiques d’Etats souverains que sanctuarisent tant le droit que la coutume internationale ». Elle souligne que ce que « le projet marocain qui s’inscrit en contravention avec les pratiques internationales civilisées déroge gravement aux obligations de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques qui lui imposent de respecter et de protéger les ambassades sur son territoire quelles que soient les circonstances ».
Ce n’est pas l’avis du régime marocain peu respectueux du droit international comme d’ailleurs le droit tout court concernant ses propres citoyens.
L’Algérie a toujours opté pour la légalité internationale. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères à Alger l’a confirmé. Elle peut certes saisir la Cour Internationale de Justice à La Haye, comme elle l’a fait, dernièrement, en soutenant l’initiative de l’Afrique du Sud concernant le génocide israélien à Gaza. Elle l’a fait également concernant l’occupation marocaine du Sahara occident depuis 1975. Mais il s’agit là d’une procédure longue et tortueuse qui exige par ailleurs que les deux pays en litige acceptent d’y recourir. On voil mal comment le Maroc accepterait un tel recours qui se soldera forcément par une condamnation claire et nette de cette piraterie caractérisée.
Il y a aussi d’autres mesures plus directes : la réciprocité.
Selon la presse algérienne, Alger pourrait réagir « d’une façon plus violente, en expulsant les quelque 900 000 ressortissants marocains établis en Algérie, de façon irrégulière pour l’écrasante majorité d’entre eux, fuyant l’oppression et la misère dans leur pays. »
Le régime marocain, réalisant sans doute les conséquences gravissimes d’une telle confiscation sur ses propres intérêts, pourrait encore faire marche arrière. Mais le mal est fait et la réputation diplomatique du royaume est désormais entachée.
Affaire à suivre
Brahim Madaci