
Madame Diago Ndiaye, Présidente du réseau régional et international paix et sécurité pour les femmes dans l’espace CEDEAO : « Nous nous organisons pour dénoncer cette faible représentation des femmes au sein de l’équipe gouvernementale » Photo DR
« Quatre femmes dans le gouvernement du tout nouveau Président du Sénégal ». Un gouvernement de rupture ? Pas pour les femmes, parce qu’elles sont laissées en rade totalement. Car, elles sont sous-représentées dans le premier gouvernement du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. N’appréciant guère cette injustice, elles haussent le ton pour se faire entendre.
Par Mapote Gaye – Dakar
Les femmes cherchent depuis de nombreuses années à obtenir un statut d’égalité par rapport aux hommes, tout en reconnaissant de mieux en mieux que cette égalité doit s’accompagner d’une reconnaissance tant par les hommes que par les femmes de leurs différences et complémentarités dans la vie. Cette évolution s’est en partie traduite dans l’approche politique du mouvement des femmes. D’abord centrée sur ce qu’on a appelé « femmes et développement » dans les années 70-80, l’approche politique est depuis le début des années 90 celle du « genre et développement ». Si l’approche « femmes et développement » consistait principalement à prendre en compte les besoins des femmes dans les politiques de développement, l’approche « genre et développement » va plus loin dans l’intégration en abordant spécifiquement les problèmes posés par les relations d’inégalité entre les hommes et les femmes. Cette préoccupation du mouvement des femmes est parallèle à l’objectif de travailler à l’intégration et la complémentarité de toutes les composantes du développement pour parvenir à un développement qui soit durable. Une définition que ne semble pas bien saisir le gouvernement sénégalais qui a laissé en rade dans la composition son premier gouvernement de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, les femmes. Analysant cette situation, Madame Diago Ndiaye, Présidente du réseau régional et international paix et sécurité pour les femmes dans l’espace CEDEAO, étale une déception totale : « Nous nous organisons pour dénoncer cette faible représentation des femmes au sein de l’équipe gouvernementale » dit-elle. Malgré les avancées démocratiques, elle se plaint en évoquant un recul démocratique par rapport aux acquis des femmes. Et d’ajouter : « Nous avons intérêt à nous organiser pour travailler davantage afin de porter le plaidoyer en ce qui concerne les postes » fait-elle ajouter. Probablement, il y’aura des directions ou institutions. A cet effet, la présidente du réseau régional et international « paix et sécurité » dans l’espace CEDEAO compte s’armer davantage pour que les femmes soient représentées davantage : « Nous avons des femmes qui remplissent des critères avec un bon profil, elles ont montré leur capacité à diriger » a-t-elle- martelé. Elle se dit convaincue que les autorités gouvernementales corrigeront ses erreurs, car, dit-elle, « ce n’est qu’un début ».
Parité politique : mythe ou réalité ?
« C’est une réalité » fait constater notre interlocutrice. Elle est d’avis qu’elle n’est pas une priorité pour nos dirigeants. Au Sénégal, la loi sur la parité a été votée le 14 Mai 2010 par l’Assemblée Nationale. Elle stipule que la moitié des candidats de chaque parti doivent être des femmes. Adopté par le Sénat le 19 mai, elle a été promulguée le 28 mai 2010. Malgré tout, elle ne concerne pas les nominations gouvernementales : « En matière de participation politique, les femmes sont souvent sous-représentées à chaque fois que l’on nomme des postes, elles sont laissées en rade » se plaint Madame Diago Ndiaye. Elle fait constater que « la parité a connu des faiblesses ». Elle exhorte à ce que l’on travaille davantage pour renforcer la capacité des femmes sur leur rôle qu’elles doivent occuper au niveau des instances de décision.
Vers une rencontre avec le Président du Sénégal Bassirou Diomaye Diakhar Faye
Le réseau régional et international « la paix et sécurité » pour les femmes dans l’espace de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest compte maintenir son plan d’action. « Le Sénégal a connu des heurts et bouleversements ; c’était une inquiétude totale. Notre rôle principal était d’asseoir cette cohésion pour que le Sénégal puisse rester un pays stable et apaisé » a déclaré Madame Diago Ndiaye. Elle a apprécié le déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars dernier, parce que les Sénégalais se sont réveillés dans le calme pour se rendre au travail. En sa qualité de Présidente du réseau régional et international « paix et sécurité » pour les femmes dans l’espace CEDEAO, elle compte rencontrer le chef de l’État sénégalais Bassirou Diomaye Diakhar Faye. En tout état de cause, le mouvement des femmes est depuis toujours caractérisé par cette volonté de participer plus pleinement à la définition des choix de société. Le rapport de la Conférence mondiale consacrée aux femmes en 1985 l’indique clairement en appelant les gouvernements et partis politiques « à intensifier leurs efforts pour stimuler et assurer une participation équitable des femmes dans tous les organes législatifs nationaux et locaux et pour atteindre une équité dans la désignation, l’élection, et la promotion des femmes à des postes élevés dans les activités exécutives, judiciaires et législatives de ces organes. » Il est fondamentalement nécessaire aux femmes pour qu’elles jouent un rôle équivalent à celui des hommes. Cet objectif en matière de participation ancré depuis de nombreuses années dans le féminisme est pleinement présent dans le projet d’un développement durable.
Mapote Gaye – Dakar