C’est un combat difficile que livre le directeur général du Centre d’évaluation, d’expertise et de certification des substances minérales précieuses et semi-précieuses (CEEC), Léonide Mupepele.
D’autant plus que ni la Banque mondiale ni la cohorte des ONG de « bonne gouvernance » ne lui prêtent main-forte. L’enjeu ? Obtenir des sociétés minières qu’elles paient les droits et taxes dus à l’État sur les métaux associés au cuivre et au cobalt du Katanga, qu’elles extraient de son sous-sol.
On sait depuis longtemps que les minerais du Katanga contiennent quantité de métaux associés, explique Léonide Mupepele à Afrique Asie. Autrefois, dans ses usines de Belgique, l’Union minière (UM) récupérait de l’or et d’autres métaux rares renfermés dans les lingots de cuivre provenant du Katanga. Elle rétrocédait selon son bon vouloir quelques millions de dollars à l’entreprise congolaise d’État, la Gécamines. Mais l’UM ne raffine plus de minerais congolais.
Ceux-ci sont vendus le plus souvent au prix du cuivre, même si certains raffineurs en retirent du germanium, plusieurs centaines de fois plus cher… D’où l’initiative prise en juillet 2008 par le patron du CEEC d’acheter auprès de la firme américaine Thermo Fisher, pour 600 000 dollars, un laboratoire complet permettant d’identifier des quantités infinitésimales, jusqu’au trillionième de gramme, de métaux associés : or, argent, germanium, baryum, indium, platine, palladium et rhodium. Une initiative qui peut rapporter gros : aux cours actuels, une teneur en rhodium de 5 grammes par tonne contenue dans 50 000 tonnes de cuivre correspond à 18 millions de dollars…
En 2009, Léonide Mupepele a convaincu le ministre des Mines d’ordonner aux entreprises de soumettre leurs échantillons au CEEC. Mais la majorité des compagnies minières du Katanga ont refusé, affirmant que les taxes sur ces minerais n’étaient pas prévues dans le code minier. Léonide Mupelele n’a toujours pas gain de cause. Le lobby des opérateurs miniers hostiles est très fort à Kinshasa, déplore-t-il. À l’en croire, l’autorité politique aurait pris peur face à leur levée de boucliers. « Ils ont même essayé de fomenter une révolte contre moi, en incitant mes employés à faire grève, en leur racontant que leurs salaires seraient plus élevés si l’on n’avait pas acheté le labo de Thermo Fisher », déplore-t-il.