Si l’heure des bilans n’a pas encore sonné pour les trois principaux pays du Maghreb dans leur lutte contre la pandémie Covid-19, force est de constater que c’est l’Algérie qui l’a le mieux confrontée et qui a enregistré le plus faible taux de mortalité par rapport à ses deux voisins. Pays le plus peuplé du Maghreb et le plus vaste de l’Afrique, l’Algérie avec ses 44 millions d’habitants en 2020, n’a en effet enregistré depuis l’irruption du coronavirus que 2894 cas de décès au 1er février 2021. Le Maroc (35 481 848 habitants en 2019) qui met en scène médiatiquement ses pseudo-prouesses dans la lutte contre le coronavirus s’est hissé au premier rang de mortalité avec 8 275 décès au Maroc alors que la Tunisie (11 721 177 habitants en 2020) a accusé un bilan de 6 754 décès.
Philippe Tourel
Comment expliquer ce bilan plus qu’honorable de l’Algérie alors qu’elle venait de connaître une contestation populaire (hirak) exemplaire unique dans sa dimension, mais aussi par sa discipline, qui a paralysé le pays pendant près d’un an ?
La recette est à chercher à la fois dans l’étonnante maturité de la population et la détermination sans faille du nouveau président, Abdelmadjid Tebboune, qui, quelques mois seulement après son investiture, et dès l’apparition de la pandémie, s’était engagé à la juguler et à l’éradiquer en mobilisant sans tarder tous les moyens disponibles de l’État. Il a très tôt pris conscience de la dangerosité et de l’imprévisibilité de cette pandémie inédite dans l’histoire de l’humanité.
Sous son impulsion, les responsables du secteur de la santé ont été très réactifs. L’OMS a très tôt félicité l’Algérie pour « sa gestion de la crise à tous les niveaux ». Toutes les mesures pragmatiques qui devraient être prises l’ont été dès l’apparition des premiers cas de contamination à Blida, constate avec satisfaction les responsables de l’OMS en Algérie.
Prenant le devant, le président Abdelmadjid Tebboune, alors qu’il venait d’ouvrir les chantiers de la réforme de la Nouvelle République, a ordonné, dès le 23 mars 2020, un confinement partiel à Alger et total dans la région de Blida, au sud de la capitale, la plus touchée par la pandémie. Il a aussi ordonné la fermeture des frontières, une mesure douloureuse et coûteuse humainement et économiquement, mais indispensable pour venir à bout de ce fléau.
Il faut rappeler que c’est à Blida que le premier foyer de cette pandémie a été repéré. Seize membres d’une même famille de cette région ont été contaminés par le coronavirus à la suite de contacts avec des ressortissants algériens résidants en France. Et c’est à Blida que les premières vaccinations ont été administrées. Tout un symbole !
Compter sur soi d’abord
On remarquera aussi que contrairement à ce qui s’était passé en France et dans de nombreux pays européens au début de la pandémie, où la gestion de la crise était pour le moins chaotique (manque de gel, de masques, de respirateurs, de lits d’hôpital, de tests…), l’Algérie a pu faire face sans paniquer en comptant sur ses moyens et ses ressources humaines propres et en faisant appel à ses amis chinois, russes et cubains qui avaient répondu présents.
Certes, avec moins de 3000 décès, le bilan est lourd, mais rien à voir avec les pays de la rive Nord de la Méditerranée et encore moins avec les deux pays voisins, le Maroc et la Tunisie. Il aurait pu être autrement plus grave si les mesures de riposte n’avaient pas été prises à temps sur l’étendue d’un territoire vaste comme un continent (fermeture de frontières, confinement, dépistage, distanciation physique, abondance de masques à prix symboliques etc.) C’est ce qui avait permis de constater que d’ores et déjà la pandémie est sur la pente descendante.
L’Algérie a également beaucoup appris de l’expérience pionnière chinoise en la matière. Elle a pu apprécier l’aide inestimable de la Chine dans ce domaine et la solidité du partenariat et de l’amitié entre les deux pays. Une amitié qui date déjà de l’époque de la guerre de libération nationale. Le choix du vaccin Sputnik-5, élaboré selon un processus de fabrication classique qui a fait preuve à travers des décennies, est motivé, lui aussi, par des considérations d’efficacité, de sûreté, de fiabilité, de disponibilité et, à terme, de transfert de technologie. Car l’Algérie, une fois sa population vaccinée, envisage de fournir à la Tunisie voisine en proie à une remontée spectaculaire de la pandémie, et à certains pays africains, des quantités considérables de vaccins fabriqués, sous licence en Algérie-même. Selon certaines sources, il est même envisagé de fournir, via l’OMS, une quantité de vaccins aux Palestiniens abandonnés à leur triste sort par l’occupant israélien et ses nouveaux supplétifs du Golfe et le Maroc.
Assurer la vaccination quoi qu’il coûte
Au jour d’aujourd’hui, alors que la campagne de vaccination vient de démarrer, le recul de la pandémie est bien amorcé sans que cela se traduise par un relâchement des mesures de prévention, de protection et de vigilance. Bien au contraire, les instructions présidentielles sont claires : tant que le reflux n’est pas encore constaté dans les pays frontaliers et dans la rive nord de la Méditerranée et au-delà, il faut maintenir ce dispositif de prévention qui a fait ses preuves. Il ne sera levé progressivement qu’au fur et à mesure que la campagne de vaccination couvre l’ensemble de la population, celle à risque d’abord (médecins, soignants, personnes âgées et fragiles), puis toutes les catégories de la population sur toute l’étendue du territoire.
Conscient de l’importance de la couverture vaccinale comme moyen de sortir de l’état d’urgence sanitaire, et de redémarrer la machine économique, le chef de l’État s’est impliqué personnellement dans toutes les étapes pour l’acquisition du vaccin d’abord et, à terme, pour sa production sur le territoire national. Et cela quel qu’en soit le prix.
Dès le mois décembre, alors même qu’aucun vaccin n’avait encore été homologué par l’OMS, il avait instruit le premier ministre pour se procurer le vaccin et se préparer à déclencher la campagne de vaccination avant la fin de janvier. Un engagement qui a été honoré dans les délais. (lire notre article sur ce sujet : L’Algérie a choisi le Spoutnik-V pour éradiquer la Covid-19 : un choix de cœur et de raison).
La Russie, premier pays au monde à avoir conçu un vaccin anti-covid-19, le Sputnik-5, a été sélectionnée pour en fournir directement un premier lot de vaccins. Face à la férocité de la concurrence internationale pour se procurer des vaccins en quantités suffisantes, le président a chargé son ministre des affaires étrangères Sabri Boukadoum de prendre attache avec son homologue russe Sergueï Lavrov afin d’accélérer les premières livraisons. Ce qui fut fait dans les meilleurs délais.
Peu après l’arrivée de Sputnik-5, une première cargaison du vaccin britannique AstraZeneca-Oxford a été réceptionnée. D’autres vaccins suivront en provenance de Chine (Sinopharm), partenaire traditionnel de l’Algérie. « Et d’autres vaccins seront bientôt réceptionnés d’Inde et d’autres pays », a promis M. Ammar Belhimer, le Porte-parole du Gouvernement..
Les fanfaronnades du Makhzen
Pendant que les autorités algériennes mobilisent toutes les énergies nationales pour endiguer la pandémie, Mohammed VI fait dans la fanfaronnade en promettant à ses sujets, qui ne sont pas prêts à lui pardonner sa trahison et son bradage de la cause palestinienne, qu’il va vacciner en trois mois rien moins que 26 millions de ses sujets alors qu’un pays comme la France ne pourra vacciner que 15 millions de français d’ici l’été ! Une manière d’occulter le cuisant échec dans sa gestion de la pandémie. Ce qui est navrant c’est que le Makhzen, impuissant à juguler la plus grave crise sanitaire de son histoire, malgré les effets d’annonce, trouve les moyens d’orchestrer, en coordination avec le Mossad israéliens et certains services européens, des campagnes médiatiques de dénigrement de l’Algérie qui a eu l’audace de ne pas trahir les peuples palestinien et sahraoui et qui refuse, comme l’avait affirmé le président algérien Abdelmadjid Tebboune, dans un célèbre entretien avec le quotidien économique français l’Opinion : «Nous ne nous laisserons plus caporaliser par quiconque ».
Philippe Tourel