Seuls les inconscients peuvent affirmer que la guerre civile n’a pas repris en Côte d’Ivoire. Les faits le prouvent.
Les combats entre Forces nouvelles (camp Ouattara) et les Forces de défense et de sécurité (camp Gbagbo) font toujours rage dans le quartier d’Abobo (Abidjan). Au cours des dernières 24 heures, près de 30 personnes auraient été tuées, selon les Nations unies, qui estiment également à 200 000 le nombre des personnes déplacées, fuyant les combats. Les quartiers de Koumassi et de Treichville résonnent également, de façon sporadique, de tirs d’armes à feu.
Dans le même temps, d’autres combats entre les mêmes forces se poursuivent dans l’ouest du pays, à Toulepleu et dans toute la région entre Man et Danané, provoquant également la fuite de dizaines milliers de personnes. Environ 30 000 d’entre elles seraient déjà réfugiées au Liberia, dans le comté de Nimba.
De façon générale, les Casques bleus sont devenus les cibles sinon des FDS, du moins des Jeunes patriotes, commandés par l’inamovible Charles Blé Goudé, qui n’ont d’autres choses à faire que de tendre des embuscades et de se livrer à des expéditions punitives contre tout citoyen soupçonné de sympathie pour Alassane Ouattara.
Quel nom peut porter une telle situation, si ce n’est celui de guerre civile ? Deux des composantes majeures de la Côte d’Ivoire sont bel et bien en train de s’affronter, les armes à la main. Des civils tombent, des femmes par exemple, à Abobo lors d’une marche de protestation. Elles avaient été placées en tête de cortège tant les organisateurs étaient persuadés que les FDS n’ouvriraient pas le feu sur les mères, les sœurs, les filles de Côte d’Ivoire. Mal leur en a pris : la politique a des raisons que la raison ignore. Six femmes l’ont payé du prix de leur vie.
Pendant ce temps, l’Union africaine prend son temps. Le panel de chef d’État chargé de trouver une solution a vu son mandat prorogé, alors même que tous les Africains ont pu constater l’inanité de leur action tant du côté de Laurent Gbagbo que de celui d’Alassane Ouattara. Les soldats des Nations unies osent à peine sortir de leurs casernes et on les comprend : ils ne font que servir de cible à un tir au pigeon mortel. Alors, on dit quoi ?