Magouilles Les appels d’offres pour la construction du Nelson Mandela Bay Stadium, à Port Elizabeth, posent problème. À Johannesburg, c’est la gestion opaque du Soccer City, où se déroulera la finale, qui est en cause.
Huit matches, dont la finale pour la troisième place, se dérouleront à Port Elizabeth, la capitale de la province d’Eastern Cape. Ici, pas de conflit d’intérêt ou de signe de corruption significatifs concernant la construction du Nelson Mandela Bay Stadium (NMBS). En revanche, des plaintes ont été déposées par des avocats locaux, défendant des entreprises locales, à la suite de ce qui est apparu comme des « irrégularités » dans les appels d’offres lancés par l’Estern Cape Tourism Board (ECTB).
L’appétit du BEE
Selon la Constitution sud-africaine, les gouvernements provinciaux ont le devoir de promouvoir le développement économique et social. Un principe d’autant plus valable que la province d’Eastern Cape est l’une des plus pauvres du pays. Évalué à 1,692 milliard de rands (70 % pour l’État, 20 % pour le gouvernement provincial, 10 % pour la municipalité), le coût réel de la construction du NMBS a atteint les 2 milliards. La différence incombe à la municipalité. L’appel d’offres a été remporté par Grinaker-LTA/Interbeton/Ibhayi, Interbetonn, (Hollande), Grinaker Lta et Ibhayi, entreprises sud-africaines du black economic empowerment, la promotion économique des Noirs. La joint-venture attribue les contrats de sous-traitance avec les entreprises de son choix. En l’occurrence, un groupe de riches hommes d’affaires de l’Eastern Cape, dont trois sont également membres d’Ibhayi. Parmi eux, Enoch Godongwana, membre du gouvernement provincial.
Comme dans tout le pays, la Coupe du monde constitue une manne pour les entreprises locales. L’adjudication des deux appels d’offres concernant la publicité et les marques a donc fait l’objet d’une attention soutenue. Six entreprises ont répondu : Boomtown, Dumisa Investments, Hip Hop Media, Hands On Marketing, Futa Communications et Intengu. À l’issue de l’évaluation par le Tender Evaluation Committee, Hip Hop venait en tête, suivi d’Itengu et Bomtown. Mais, ô surprise ! le contrat a été adjugé à Boomtown. Derrière cette irrégularité, la présidente du Tourism Board, liée à l’entreprise dans le cadre d’activités professionnelles antérieures.
Quatorze entreprises ont répondu au second appel d’offres pour l’adjudication de la publicité. Hip Hop arrivait à nouveau en tête mais c’est Dumisa Media, sixième, qui a remporté le contrat. Hip Hop a porté plainte, l’affaire est révélée dans la presse, Zola Tshefu licencie Noel van Wyk, responsable des ressources humaines de l’ECTB pour avoir informé la presse. Tshefu était également proche de Dumisa Media auparavant.
Même scénario autour de la rénovation de l’Absa Stadium de Buffalo City où l’entreprise la plus chère, NOA/THM/ATB/Carifro, a gagné l’appel d’offres. L’un de ses dirigeants, Arthur Bisiwe, avait été auparavant un partenaire de Willem van Niekerk dans la gestion de l’Absa Stadium, ce dernier étant membre du comité d’évaluation de l’appel d’offres. Quant au stade de Mthatha, sa construction a été marquée par la protestation de la communauté zimbane qui se battait depuis 1998 pour la restitution de ses terres, sur lesquelles a été construit le stade, et par des grossières tentatives de corruption des entreprises candidates sur lesquelles des enquêtes ont été ouvertes. Quatre mois avant les appels d’offres, la même municipalité était jugée par la Haute Cour de Grahamstown à propos d’un appel d’offres de 86 millions concernant un projet de construction illégale de logements sociaux.