Afro-soul Dans les volutes de sa voix ambrée, la jeune Nigériane impose une atmosphère en clair-obscur envoûtante.
Nouvelle sensation afro-soul, Layori vient du Nigeria. Elle quitte le pays très tôt dans son enfance et, après un périple à travers trois continents, pose ses valises en Allemagne, terre de prédilection de ses compatriotes mues par la vocation du chant.
À l’instar d’Asa, Nneka ou Ayo, elle démarre sa carrière avec fulgurance avec la sortie, fin mars 2010, d’Origin. L’album crée la surprise avec ses clairs-obscurs étonnants, sa subtile veine folk à la Tracy Chapman et son prologue, « Dada », suggestive ballade yoruba aux évocations insondables. La voix de la jeune song-writer s’étire, s’apaise ou s’enroule, à la fois veloutée et rugueuse, tout au long des onze chansons, interprétées principalement en anglais, mais également en espagnol et en yoruba,
sa langue natale. Les arrangements de cordes, percussions et cuivres ont été conçus avec Wally Warning, un complice à la hauteur de la tâche : souligner les atmosphères dictées par la lead, en suivre les nuances sans en altérer les couleurs. Exercice complexe face à une sensibilité atypique, dont l’univers aux sonorités mutantes dévoile peut être les aspects énigmatiques de sa personnalité.
Yoruba comme Fela et King Sunny Ade, les géants de la musique nigériane contemporaine, Layori est issue du peuple bâtisseur d’une ancienne civilisation urbaine, dotée d’une architecture institutionnelle originale et d’une culture raffinée qui a rayonné dans le Nouveau Monde à la suite de l’affreux commerce triangulaire. Origin se veut ainsi le récit d’un voyage, de ses rencontres, des influences acquises lors de nombreux déplacements. Mais aussi le retour imaginaire à la maison familiale, car, précise la chanteuse, « pendant toutes ces années passées à voyager autour du monde, mon âme africaine a toujours fait partie de moi. Jamais je ne ferai quelque chose qui soit contre ma culture, ma fierté, mes croyances, mes racines. »
Alors qu’elle n’est qu’en primaire, Layori émigre aux États-Unis avec la famille. Le retour au pays ne se fera pas attendre, car le père veut éduquer ses enfants à l’africaine. L’adolescente se ressource et s’inscrit dans une école d’art où elle apprend le chant et le mannequinat. Puis, le jour de la Saint-Valentin, c’est le déclic. Pendant les cours à l’auditorium de la Mayflower School, Layori chante face à une assistance de quelques centaines d’élèves. L’instant est magique et elle voit l’avenir plus nettement. « J’avais compris que chanter pour moi est autant naturel qu’irrésistible », confiera-t-elle plus tard. Les Orishas, esprits espiègles du panthéon yoruba, lui ont joué un bon tour et lui ont indiqué son destin.
À 16 ans, nouveau départ. Après l’Angleterre, c’est Lisbonne, au Portugal. Les portes des clubs de jazz s’ouvrent à sa voix aux pénombres troublantes, tantôt diamant brut aux accents telluriques, tantôt réverbère d’une quiétude céleste.
Au seuil du troisième millénaire, la jeune femme s’installe à Munich, en Allemagne. Son rêve se réalise mais l’aventure ne fait que recommencer. Sa belle voix d’alto, si ténue et vibrante dans un petit trémolo, fait le charme de ses chansons et impose un style qui touche le public. Layori, diminutif de son deuxième prénom, veut dire « sauvée par la grâce ». C’est peut-être la clé du mystère de cette voix aux contours indéfinissables, sensuelle dans les graves mais aussi prête à monter aux anges…
Origin
(Remark Records / Universal).
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