Expo présentée au Musée des beaux-arts de Calais depuis le 15 juillet (jusqu’au 28/2/21)
Depuis le 15 juillet, le Musée des beaux-arts de Calais (région Hauts-de-France) a ouvert ses portes pour montrer au public la sélection des œuvres de l’artiste-peintre Jeanne Thil.
Fille du terroir née de Calais le 18 décembre 1887, reconnue et appréciée par sa personnalité créatrice singulière de voyageuse dans le pourtour méditerranéen, dont elle transposa sur toile lumières chatoyantes et pénombres surréelles, Jeanne Thil participa à toutes les expositions françaises en Espagne, Belgique, Italie, Tunisie et Japon.
Cette rétrospective monographique, réalisée en partenariat avec le Musée de Quai-Branly à Paris, est la première qui lui est consacrée après sa disparition en 1968. La manifestation a été conçue à partir de 2016, quand la ville de Calais reçut plus de 170 œuvres de l’artiste et une large documentation qui synthétisent dans l’ensemble sa carrière en quête de paysages et gens « lointains », comme le titre de l’exposition l’évoque.
Une idée d’exotisme que la calaisienne transcende en perçant la surface de l’imagerie ou du cliché pour rendre une âme au geste immuable du chamelier ou la profondeur aux eaux des rivières.
En 1917, le séjour espagnol marque le début de son œuvre. Ses peintures, aquarelles et desseins nourrissent une palette riche de nuances, une inspiration versée spontanément dans le lyrisme et la recherche de l’intensité.
Puis la Tunisie, en 1921, est le tournant, mieux l’accomplissement. La rive basse de la Grande Bleue, aux portes de l’Afrique, lui suggère l’éclat des couleurs et la densité des volumes. Dans son art figuratif, ils explosent et s’imposent par l’enchevêtrement magique de cieux tumultueux , palmiers majestueux, cortèges d’hommes et d’animaux.
Mélange de motifs juxtaposés présentés par nuances chromatiques subtiles et gammes ardentes, qui traduisent la fascination du peintre pour la terre et les gens.
Dans les travaux de Jeanne Thil, la mémoire opère autant que l’instant saisi.
Le sentiment de dépaysement est l’effet de cette force expressive qui utilise le prétexte pictural pour élever « son chant au milieu de la nature ».
Luigi Elongui
*L’exposition se décline en six sections : voyages dans le temps ; vers la lumière du sud ; Jeanne Thil et la Tunisie ; le tourisme et les compagnies de transport maritime ; les grands décors célébrant l’Empire colonial ; Jeanne Thil et les femmes voyageuses de l’entre-deux-guerres. Le visiteur peut y découvrir une trentaine de peintures de l’artiste, une trentaine d’oeuvres graphiques ainsi que divers documents et objets.