Expo présentée au Musée des beaux-arts de Calais depuis le 15 juillet (jusqu’au 28/2/21)

Jeanne Thil, Caravane devant Kairouan, vers 1929-1930_Huile sur toile, 154 x 184 cm_Collection privée
Depuis le 15 juillet, le Musée des beaux-arts de Calais (région Hauts-de-France) a ouvert ses portes pour montrer au public la sélection des œuvres de l’artiste-peintre Jeanne Thil.
Fille du terroir née de Calais le 18 décembre 1887, reconnue et appréciée par sa personnalité créatrice singulière de voyageuse dans le pourtour méditerranéen, dont elle transposa sur toile lumières chatoyantes et pénombres surréelles, Jeanne Thil participa à toutes les expositions françaises en Espagne, Belgique, Italie, Tunisie et Japon.

Jeanne Thil, Charmeur de serpents à Kairouan, vers 1924_Gouache sur papier, 50 x 70 cm_Collection privée
Cette rétrospective monographique, réalisée en partenariat avec le Musée de Quai-Branly à Paris, est la première qui lui est consacrée après sa disparition en 1968. La manifestation a été conçue à partir de 2016, quand la ville de Calais reçut plus de 170 œuvres de l’artiste et une large documentation qui synthétisent dans l’ensemble sa carrière en quête de paysages et gens « lointains », comme le titre de l’exposition l’évoque.

Jeanne Thil, Tunisie, panneau décoratif, 1952_Huile sur toile, 115 x 120 cm_Collection privée
Une idée d’exotisme que la calaisienne transcende en perçant la surface de l’imagerie ou du cliché pour rendre une âme au geste immuable du chamelier ou la profondeur aux eaux des rivières.

Jeanne Thil, L’Oasis de Gabès, fin des années 1930 – début des années 1940_Huile sur toile, 189 x 148,5 cm © Musée du quai Branly-Jacques Chirac, photo Claude Germain
En 1917, le séjour espagnol marque le début de son œuvre. Ses peintures, aquarelles et desseins nourrissent une palette riche de nuances, une inspiration versée spontanément dans le lyrisme et la recherche de l’intensité.

Jeanne Thil, Corfou, vers 1959_Huile sur toile_Caisse d’Epargne de Calais
Puis la Tunisie, en 1921, est le tournant, mieux l’accomplissement. La rive basse de la Grande Bleue, aux portes de l’Afrique, lui suggère l’éclat des couleurs et la densité des volumes. Dans son art figuratif, ils explosent et s’imposent par l’enchevêtrement magique de cieux tumultueux , palmiers majestueux, cortèges d’hommes et d’animaux.

Jeanne Thil, Chevalier, vers 1924_Crayon et gouache sur papier, 41 x 33,2 cm_Musée des beaux-arts, Calais © F. Kleinefenn
Mélange de motifs juxtaposés présentés par nuances chromatiques subtiles et gammes ardentes, qui traduisent la fascination du peintre pour la terre et les gens.
Dans les travaux de Jeanne Thil, la mémoire opère autant que l’instant saisi.
Le sentiment de dépaysement est l’effet de cette force expressive qui utilise le prétexte pictural pour élever « son chant au milieu de la nature ».
Luigi Elongui
*L’exposition se décline en six sections : voyages dans le temps ; vers la lumière du sud ; Jeanne Thil et la Tunisie ; le tourisme et les compagnies de transport maritime ; les grands décors célébrant l’Empire colonial ; Jeanne Thil et les femmes voyageuses de l’entre-deux-guerres. Le visiteur peut y découvrir une trentaine de peintures de l’artiste, une trentaine d’oeuvres graphiques ainsi que divers documents et objets.