À la veille la 52e conférence nationale de l’African National Congress (ANC), qui doit se tenir du 16 au 20 décembre prochain, la réélection de Jacob Zuma à la tête du mouvement, et par là même sa désignation comme candidat à la présidence en 2014, semble acquise. En effet, les principales branches des provinces qui comptent ont, au cours de leurs conférences respectives, décidé de le soutenir. E Thekwini, l’une des provinces du Kwazulu-Natal, terre de Zuma, enregistre 90 000 membres de l’ANC répartis sur 100 branches. Le vote n’y faisait pas de doute. La bataille autour de la nomination du vice-président est plus ouverte entre Cyril Ramaphosa, milliardaire membre du Comité exécutif national de l’ANC, très critiqué lors du sanglant et long mouvement des mineurs, et l’actuel vice-président Gwede Mantashe, honnête homme et actuel secrétaire général de l’organisation, soutenu également par sept provinces comme futur président.
L’élection de Jacob Zuma, si c’est le cas, signifie-t-elle qu’il reste populaire ? Non. D’ores et déjà, les dés sont pipés. La commission ad hoc de l’ANC a relevé en novembre de nombreuses irrégularités dans le système d’enregistrement des membres du parti. Et gageons que ce n’est là que la partie visible de l’iceberg, compte tenu des différentes plaintes déjà exprimées à la base.
Le Parti communiste, allié fidèle et participant au gouvernement, a expulsé de ses rangs lors de son congrès, l’été dernier, les opposants anti-Zuma. Il arrivera avec des troupes bien propres à Mangaung, où se déroulera la conférence. Le Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu), troisième pilier de la « triple alliance », est divisé autour de la candidature de Zuma, mais soutiendra le candidat. Le congrès est verrouillé avant même d’avoir eu lieu. Ni les mineurs, ni les ouvriers agricoles, ni les habitants des townships les plus pauvres qui, comme à Lenasia en novembre, ont vu leurs abris de fortune détruits par les bulldozers sur ordre du ministre ANC et homme d’affaires Tokyo Sexwale, ne seront représentés. Verrouillage au Parlement, également, où la motion de censure à l’encontre de Jacob Zuma, qui aurait pu donner lieu à un débat sur toutes les questions qui traversent le pays aujourd’hui, a été interdite de présentation.
Le président a utilisé tous les moyens à sa disposition pour échapper jusqu’ici à la justice dans plusieurs affaires de corruption – entre autres, celle de sa luxueuse propriété à Nkandla, et l’affaire de l’abandon des charges contre lui dans des conditions plus que troubles, en 2009, avant les élections, qui rebondit aujourd’hui.
Le château brûle de toutes parts, mais tout va très bien, Monsieur Zuma, et on sait à coup sûr que le congrès de Mantaung produira un document avec de nouveaux plans de développement économique, de lutte contre la pauvreté, de promesses de réforme agraire, d’appels à l’unité, à la discipline, au respect de l’ANC – qui fête bien tristement ses 100 ans – et autres vœux pieux. Comme d’habitude, serait-on tenté de dire.
Les motions seront votées les unes après les autres et Zuma dansera probablement l’une de ses danses zouloues dont il a le secret. D’ici aux élections générales 2014, pourtant, c’est bien tout le pays qui pourrait s’enflammer.