Jacques Vergès, l’avocat anticolonialiste, présentera le 22 avril sa pièce de théâtre « Serial Plaideur » à Casablanca. Afrique Asie (février 2011) a déjà consacré la une de son numéro d’avril à cet avocat de la rupture. L’article que notre confrère et ami, Jacques-Marie Bourget, a consacré à cette pièce.
« Serial plaideur », de et avec Jacques Vergès, a fait partout salle comble, en France et à l’étranger *. Le maître du barreau y apparaît tel qu’en lui-même : un sage à qui on ne la fait pas. Plus qu’une pièce de théâtre, son monologue est un cours magistral sur sa vision du droit et de la justice, passionnant de bout en bout. L’avocat, dit-il, doit « défendre l’indéfendable ». Il doit « non pas s’identifier à la cause de l’accusé, mais s’en laisser imprégner pour comprendre ce qui s’est passé », ce qui « ne veut pas dire justifier, minimiser, absoudre ». Cette mission, Vergés l’a toujours remplie, à plus forte raison lorsque les valeurs défendues par la justice – française ou internationale – étaient à l’opposé de celles de ses clients.
Au travers les procès d’Antigone selon Sophocle, et des militants du FLN, en passant par ceux de Jeanne d’Arc, de Gilles de Rais, d’Antoine Berthet – le Julien Sorel de Stendhal – Jacques Vergès parle au cœur et à la raison des spectateurs, entremêlant anecdotes juridiques, souvenirs personnels, citations d’auteurs, poèmes. Le public qui ne perd pas un mot de ce qu’il entend tressaille parfois d’émotion. Des applaudissements fusent au détour d’une réplique. Et, quand le plaidoyer s’achève, une heure vingt, non-stop, plus tard, tout le monde retient son souffle. Personne n’a vu le temps passer. Tandis que se succèdent plusieurs salves d’applaudissements, on se demande pourquoi cet homme a été tant haï. On comprend pourquoi d’autres l’adulent. Ceux qui pensaient voir le diable en représentation, « l’avocat de la terreur », en sont pour leur frais… mais pas déçus du voyage.
* Reprise de la pièce fin février 2011 au théâtre de La Madeleine à Paris, suivie d’un « Vergès 2011 », dans la foulée.