Marqué par ses séjours parisiens en 1906, 1909 et 1910, le peintre new-yorkais Edward Hopper (1882-1967) devient francophile au contact de la culture hexagonale. Et il le restera, se libérant progressivement d’« une réserve anglo-saxonne dont il ne se satisfait pas, lui préférant la liberté des Latins », écrira à son sujet un critique d’art. Pourtant, la postérité de Hopper en France est tardive, tenant davantage aux innombrables reproductions (cartes postales, couvertures de romans…) de ses œuvres qu’à leur exposition dans les musées.
Pour rattraper ce retard et éclairer toute la complexité de son œuvre, le Grand Palais a décidé de lui consacrer une première grande rétrospective. Le parcours de l’exposition s’articule autour de deux temps forts : les années de formation puis celles de la maturité artistique, en particulier avec l’aquarelle et la gravure. Illustrateur commercial à ses débuts – une pratique qu’il considérait lui-même comme purement alimentaire –, Edward Hopper ne cessera de peindre (pas moins de cent peintures exécutées entre 1924 et 1966), se rapprochant un temps du style post-impressionniste découvert en France, puis du réalisme illustratif américain, pour finalement échapper aux grands courants picturaux du xxe siècle. Ses sujets de prédilection resteront la vie quotidienne et les personnages solitaires et mélancoliques dans des mises en scène architecturales. Mais sa seule véritable obsession sera et restera la lumière.