La crise s’intensifie au sein de l’Ecole normale supérieure, alors que la directrice, Monique Canto-Sperber, a déjà eu maille à partir avec l’administration pour son refus de louer une salle pour un débat sur la Palestine.
L'AG des personnels et élèves de l'École normale supérieure (45 rue d'Ulm, Paris 5ème) occupe depuis mardi 22 mars à midi les salons de la direction et bloque l'accès de tous les bureaux de la direction depuis vendredi 25 7 h.
Pourquoi ? « Parce que, dit un communiqué de la CGT FERC-Sup ENS et de SUD Etudiants ENS), après près de trois mois de grève, un protocole de sortie de crise extrêmement favorable aux grévistes a été proposé par Georges Tron, Secrétaire d'État à la Fonction publique, protocole qui a été rejeté par la directrice, Monique Canto-Sperber. Elle a, dans un premier temps, nié l'existence de ce protocole puis elle a affirmé avoir entendu parler de quelque chose qui circulait entre les ministères, sans savoir de quoi il s'agissait. Enfin, mercredi 23, elle nous a remis un protocole farfelu complètement différent de celui qui avait été négocié entre Tron et l'UGFF – CGT. »
Dans le "nouveau" protocole (disponible en ligne sur le site de l'École), Canto Sperber propose aux grévistes de la cantine (elle zappe complètement ceux du ménage et ne parle pas du chef de cuisine qui a physiquement maltraité plusieurs agents de la cuisine) des postes de titulaires dans le cadre du CROUS.
Or :
1) les représentants syndicaux ont consulté les statuts du CROUS et appelé le responsable des ressources humaines qui a confirmé que les postes de titulaires sont exclusivement réservés à l'administration du CROUS et qu'il était par conséquent impossible que les agents de la cantine soient titularisés. Ils auraient au mieux des Contrats à durée inditerminée.
2) La communauté normalienne est ABSOLUMENT opposée à l'externalisation de la cantine
3) Cette externalisation a été brandie comme une menace par la direction au début du mouvement.
4) Cette proposition (de les envoyer au CROUS) a déjà été faite il y a plusieurs semaines : les grévistes avaient rejeté cette option à l'unanimité (refus de partir de l'École, car ce serait une manière de punir les grévistes ; mauvaises conditions de travail ; mobilité des agents).
Vendredi 25 mars, la Direction a envoyé sept camions de police à l'École, mais ils sont repartis sans intervenir, car des membres de la direction y étaient opposés (sans compter le fait que la pétition signée par Chomsky et Butler notamment, a déjà bien fait mal à la popularité de Canto Sperber).
Rappelons que l’'École Normale Supérieure a été condamnée, le 26 février, pour atteinte grave à la liberté d'expression alors que la direction avait refusé la réservation d'une salle au collectif Palestine ENS, dans le cadre d'un débat sur la situation israélo-palestinienne.
Le 24 février, le collectif déposait une requête auprès du tribunal administratif de Paris afin de faire annuler le rejet de la direction, requête à laquelle le tribunal donnait raison, deux jours plus tard, le 26 février. Le juge a estimé que la directrice, Monique Canto-Sperber, avait "porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion qui constitue une liberté fondamentale".