Le droit de se rassembler et d’organiser des marches va être rétabli dans un très proche avenir. Le président Abdelaziz Bouteflika a donné des directives en ce sens à son gouvernement.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a annoncé jeudi son intention de lever "dans un très proche avenir" l’état d’urgence en vigueur depuis 1993 en Algérie dans le cadre de la lutte anti-terroriste. Il a en même temps demandé au gouvernement d’élaborer de nouveaux textes de remplacement qui permettront aux autorités de poursuivre sa lutte contre le terrorisme dans le « cadre de la loi ».
« Pour mettre un terme à toute polémique infondée sur cette question, je charge le gouvernement à s'atteler, sans délai, à l'élaboration de textes appropriés qui permettront à l'Etat de poursuivre la lutte antiterroriste jusqu'à son aboutissement, avec la même efficacité et toujours dans le cadre de la loi", a dit le président Bouteflika, s’adressant au Conseil des ministres, selon l’agence officielle APS. Il a rappelé que l'état d'urgence avait été instauré "pour les seuls besoins de la lutte antiterroriste » et qu’il « n’a à aucun moment entravé une activité politique pluraliste des plus riches, ni contrarié le déroulement de campagnes électorales intenses ».
Le chef de l’Etat a par ailleurs réaffirmé que les marches de protestation sont autorisées partout en Algérie dans les conditions définies par la loi, hormis dans la capitale, Alger. « La capitale fait exception pour des raisons d'ordre public bien connues et certainement pas pour y empêcher une quelconque expression", a-t-il souligné. En revanche, aucune restriction n’est mise à l’organisation des réunions en salles partout sur le territoire algérien, y compris à Alger. « Plusieurs salles publiques de capacités diverses sont gracieusement disponibles pour tout parti ou association en faisant légalement la demande en vue d'y faire entendre son point de vue", a-t-il rappelé.
Les marches ont été interdites à Alger en juin 2001 à la suite d’une marche organisée par le mouvement de protestation kabyle des Aarouches, qui a failli tourner au drame.
La décision du chef de l’Etat de lever l’état d’urgence a devancé l’appel de plusieurs associations et organisations politiques rassemblées dans une « coordination nationale pour le changement et la démocratie » à une marche à Alger le 12 février pour réclamer l’abrogation de l’état d’urgence.
Cette marche n’a pas été autorisée en raison de l’incapacité des organisateurs d’encadrer les participants et de garantir leur sécurité et par crainte de dérapages, a expliqué le vice-Premier ministre Noureddine Yazid Zerhouni.
Il a souligné que l’état d’urgence – dont l’abrogation est réclamée par ailleurs dans un projet de loi déposé mercredi par 21 députés de la majorité présidentielle et de l’opposition – « n’a jamais été utilisé pour restreindre les libertés individuelles et collectives », mais uniquement pour « coordonner l’action des forces de sécurité et de l’armée et faciliter ainsi la lutte contre le terrorisme ». Pour les députés, « l’amélioration de la situation sécuritaire revendiquée par le pouvoir enlève tout argument au maintien de cette mesure ».