qui, pour l’opinion progressiste latino-américaine, est justiciable du même combat.
Qu’Israël prête main-forte aux régimes les plus dégénérés de la planète, il n’y a là rien qui puisse surprendre. La nature même d’un État qui n’a pu se donner une base territoriale qu’en l’arrachant par la terreur et le massacre au peuple qui l’habitait sans interruption depuis des millénaires, c’est de chercher des alliances et des complicités dans les États et les régimes également fondés sur la terreur et le massacre.
Que cette solidarité avec les pires causes ait une dimension planétaire, c’est à la fois connu et compréhensible : honni des peuples épris de justice et de liberté, le sionisme expansionniste, raciste et néo-colonialiste cherche des alliés là où il peut les trouver : en Afrique du Sud, au Zaïre et chez les dictatures contre-révolutionnaires de l’Amérique latine.
Ces dernières sont devenues, depuis un bon moment déjà, de gros clients de l’industrie d’armements israéliens. Notamment celles de l’Amérique centrale, engagée à fond dans la croisade impérialiste orchestrée par Ronald Reagan. Ariel Sharon, sa sale besogne de génocide au Liban à peine achevée, s’est rendu au Honduras comme commis voyageur des marchands de canons de Tel-Aviv. Outre douze avions de combat Super-Mystère, plusieurs avions de transport et de reconnaissance, quatorze blindés RBY, des canons de 106 mm et beaucoup d’armements légers déjà livrés par Israël au Honduras, Sharon y a vendu des chasseurs bombardiers Kfir.
Autre commis voyageur d’importance pour l’industrie de guerre israélienne, le ministre des Affaires étrangères, Itzhak Shamir. On l’a chargé de prospecter deux marchés du cône Sud : l’Uruguay et l’Argentine, deux régimes militaro-fascistes, c’est-à-dire parfaitement identifiés au spectre idéologique de la politique étrangère de Tel-Aviv. À un détail près : dans la tradition antisémite de l’extrême droite argentine, le gouvernement du général Videla s’était livré à la persécution des juifs, dénoncée à l’époque par l’opinion internationale, y compris, bien entendu, les milieux sionistes. Que Shamir se permette de resserrer les liens commerciaux et politiques avec ce même régime témoigne du manque total de principes des responsables de l’État israélien. Ou, plutôt, cela montre qu’ils n’en ont qu’un seul en politique : l’axe international de tous les fascismes, de la Sainte-Alliance impérialiste et contre-révolutionnaire à l’échelle de la planète.
Parmi les livraisons d’armes, les plus récentes d’Israël à l’Amérique latine figurent notamment : plus d’une trentaine d’avions de combat Nesher, ainsi que cinquante missiles Gabriel et Shafir à l’Argentine, des bateaux de surveillance Resherf équipés de projectiles Gabriel, cent cinquante missiles Shafir au Chili ; vingt-cinq avions de transport Arava, sept avions d’entraînement Magister, plusieurs avions de combat Ouragan au Salvador, une dizaine d’avions de transport Arava et de blindés RBY au Guatemala ; cinq avions de transport Arava à la Bolivie et six au Paraguay.
[…] Bien entendu, ces fructueuses affaires, tant du point de vue commercial que diplomatique, seraient impossibles sans la protection de l’impérialisme nord-américain. Nul n’ignore en effet que l’industrie de guerre sioniste dépend, sur le plan financier comme sur le plan technologique, des États-Unis. Pour 1982 seulement, l’aide nord-américaine à Israël a atteint, selon les estimations les plus modérées, 2,6 milliards de dollars. Elle a été presque totalement consacrée au développement de la machine de guerre de Tel-Aviv. C’est pourquoi, pour l’opinion progressiste latino-américaine, Israël et les États-Unis constituent le même ennemi, justiciable du même combat.
Fernando Andrade