Trois jours après le début de l’opération libyenne, les coalisés ne sont déjà plus d’accord entre eux. Le commandement pourrait revenir à l’Otan, ce qui ne fait pas l’affaire de la France.
Trois jours après le déclenchement de l’opération « l’aube de l’Odyssée » contre la Libye, les critiques se multiplient sur la nature et les modalités des frappes aériennes, tandis que des dissensions commencent à se faire jour entre alliés sur la conduite des opérations.
Les Etats-Unis, qui y sont allés à reculons, ont annoncé qu’ils allaient bientôt transmettre le commandement à l’Otan, ce dont la France ne veut pas entendre parler, préférant laisser l’organisation atlantique à l’écart pour ne pas réveiller les sentiments hostiles de la « rue » arabe.
Paris, qui a pourtant réintégré de fraîche date les organes de l’Otan et participe à la guerre d’Afghanistan sous sa bannière, voudrait se contenter d’une coordination technique entre alliés et trouver une formule de gestion en commun des opérations sans impliquer l’Otan en tant que telle.
En première ligne, avec la Grande Bretagne, dans la crise libyenne, le président Nicolas Sarkozy, veut éviter que l’Otan ne lui vole la vedette au moment où il cherche à se présenter en « chef de guerre » aux yeux d’une opinion publique française qui le boude largement pour sa politique économique et sociale.
Cependant, après le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, qui a estimé que les frappes aériennes étaient allées plus loin que prévu, avant de se raviser lors d’une entrevue lundi 22 mars au Caire avec le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon, c’est au tour de la Russie et de la Chine de hausser le ton.
Moscou et Pékin, qui n’avaient pas opposé leur véto à la résolution 1973 du Conseil de sécurité autorisant ces frappes, permettant ainsi d’utiliser tous « les moyens pour protéger la population civile » libyenne, s’en sont démarqués, sans la remettre en cause, ni demander l’arrêt immédiat des opérations.
La Libye a vécu une troisième nuit de bombardements par air et par mer, qui ont causé d’énomes dégâts dans les défenses aériennes et la logistique de l’armée régulière. Tripoli affirme par ailleurs qu’elles ont fait des dizaines de victimes civiles, ce qui a été démenti par les coalisés.
Ces derniers ont réaffirmé qu’ils se limiteraient aux opérations aériennes et navales telles que planifiées actuellement, sans aucune intervention terrestre quelle que soit la tournure des événements au sol.
Ils comptent sur les insurgés libyens pour « terminer le boulot » en allant jusqu’à Tripoli renverser le pouvoir du « Guide », bunkarisé dans la caserne de la porte Al Azizia, protégé par ses unités spéciales, et décidé à « vaincre ou mourir » selon ses récentes déclarations. Il a promis une « guerre de longue haleine, dont les Libyens sortiront vainqueurs, parce qu’ils combattent sur leur sol » contre des envahisseurs étrangers.