La destitution de Rafsandjani de la présidence de l’Assemblée des experts, un organisme qui a le pouvoir théorique de révoquer le Guide de la Révolution, montre une radicalisation du régime militaro-théocratique au bénéfice de l’actuel président de la république, Mahmoud Ahmadinedjad le mal élu. Il montre surtout une aggravation des dissensions au sein du régime.
Rafsandjani a été remplacé par Mahdavi-Kani, un conservateur pur et dur, selon un scénario élaboré par l’ayatollah Khamenei dans la réunion des « Experts » du régime. Commentant cette destitution inattendue, Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a souligné que « la mise à pied de Rafsandjani par Khamenei montre que la division s’est approfondie. Il s’agit d’une opération chirurgicale fatale au sein du régime du guide suprême, qui marque un pic dans la crise interne. Elle va accélérer le renversement de cette dictature. »
Selon l’opposition iranienne, la position de Khamenei comme guide suprême depuis vingt-et-un ans (juin 1989) est due pour l’essentiel à Rafsandjani et reposait sur lui. Comme l’a répété à maintes reprises Maryam Radjavi, « la mise à l’écart de Rafsandjani par Khamenei, qui brise l’équilibre de ce couple aussi antagoniste qu’inséparable, signale la chute inévitable du régime hérité de Khomeiny. »
Maryam Radjavi rappelle à cet effet que le CNRI avait noté dans sa déclaration de juillet 2000 que « l’infortune de Rafsandjani, cheville ouvrière depuis vingt ans de la théocratie, reflète la situation de tout le régime. C’est un signe important du renversement de la dictature, ce que reconnaissent les diverses factions du régime. »
Le régime iranien surfe sur la vague des révoltes arabes qui a jusqu’ici balayé le régime tunisien et surtout égyptien. Il essaie de présenter ces révoltes comme une « victoire de la révolution islamique » dans la région. Mais derrière cette phraséologie destinée à l’opinion iranienne, le guide suprême et son poulain Ahmadinejad dissimulent mal une grande inquiétude. La destitution de Rafsandjani, précédée par celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères, puis par l’arrestation de l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi et de l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi, les deux chefs de file réformateurs révèle une fuite en avant du régime face à une contestation urbaine qui ne tarit pas depuis les fraudes massives de 2009.