La campagne de désinformation orchestrée par le clan Kadhafi s’intensifie. L’un de ses objectifs est de démoraliser les insurgés en faisant état de leur déroute alors même qu’ils résistent dans plusieurs villes importantes, comme Marsa Brega, Zaouiya et Ras Lanouf.
Les insurgés continuaient à résister, lundi 7 mars, au 20eme jour de l’insurrection, dans les principales villes de l’ouest conquises sur les troupes loyales, qui tenaient pour leur part à reprendre la main sur le terrain en multipliant les raids aériens et les bombardements à l’artillerie lourde contre les positions adverses.
Zaouiya, à la frontière tunisienne, proche de la capitale Tripoli, et Ras Lanouf, sur la route de Syrte, deux villes stratégiques, étaient encore entre les mains des insurgés. De même que Misrata, plus à l’ouest, réinvesti un temps par les « unités spéciales » de Kadhafi au prix de bombardements meurtriers du centre-ville, mais reprise aussitôt par les insurgés, qui gardent sous leur contrôle Marsa Brega et Ajedabya, conquises les jours précédents.
Les rebelles, formés de groupes de jeunes disparates, mal organisés et mal armés, se sont en revanche repliés de Ben Jawad, en promettant d’y revenir dès qu’ils auront réorganisé leurs unités. « Nous avons juré d’y revenir, et nous y reviendrons », a déclaré un combattant anti-Kadhafi à la presse.
Le « clan » Kadhafi a réaffirmé sa détermination à rester au pouvoir. Le « Guide de la Révolution » a repris, sur la chaîne de télévision France 24, ses attaques contre Al Qaeda, qu’il accuse d’avoir réactivé ses cellules dormantes en Libye et il réclame l’envoi d’une « commission d’enquête internationale » par l’Union africaine et les Nations unies pour évaluer la situation sur le terrain.
Il a demandé la suspension des mesures prises contre lui et ses proches par le Conseil de sécurité des Nations unies : gel des avoirs, interdiction de voyager, demande d’enquête sur des « crimes contre l’humanité » transmise à la Cour Pénale Internationale (CPI). Il a également appelé la Ligue arabe a revenir sur sa décision de suspendre la participation libyenne aux activités des diverses instances de l’organisation.
Son fils aîné, Seif Al Islam, qui orchestre le déploiement médiatique du régime tous azimuts à travers des agences de communication italiennes, a de son côté fait part de ses craintes d’une « somalisation ». Reprenant les menaces déjà proférées par son père la veille, il a affirmé que la Libye risquait de se transformer en « une Somalie de la Méditerranée, avec des pirates au large de la Sicile, de la Crète et des millions de migrants ».
Sur le plan diplomatique, la France, toujours opposée à une intervention militaire directe en Libye, a déclaré son soutien au Conseil national de transition créé le 27 février par les insurgés. Elle a été aussitôt accusée « d’ingérence » par Kadhafi. Paris s’est cependant prononcée en faveur d’une zone d’exclusion aérienne pour empêcher les bombardements contre les civils, sous réserve que le Conseil de sécurité en donne le feu vert.
A Washington, la pression montait sur Barack Obama pour que les États-Unis fournissent une assistance militaire aux insurgés et décident de frappes aériennes ciblées, notamment pour détruire des pistes d’aéroports et les bases aériennes.
L’ONU a, pour sa part, demandé l'arrêt immédiat des bombardements et un « accès d’urgence aux victimes, blessés et mourants ».