« Les nouveaux chiens de garde » est un film-documentaire qui pose un regard très critique sur les trois principes essentiels sur lesquels reposent tout média fournissant des informations au citoyen : l’indépendance, l’objectivité et le pluralisme.
Comme jadis, lors des lectures collectives ecclésiales de la Bible, l’opinion du « Sapiens » est fabriquée de toutes pièces, et plusieurs ouvrages se sont longuement penchés sur le sujet dont le célèbre « Manufacturing Consent » de Noam Chomsky et Edward Herman. L’opinion du « Sapiens » est un produit dérivé d’un discours dominant et de la pensée unique servis par un « quatrième pouvoir » devenu un véhicule idéologique suborné et corrupteur depuis la perte de pans entiers de son contre-pouvoir face aux trois pouvoirs incarnant l’État (pouvoir exécutif, législatif et judiciaire), de son esprit critique, de toute objectivité nuisant à sa crédibilité et déterminant son identité distincte ainsi que tout critère d’indépendance vis-à-vis du propriétaire du média et du positionnement de celui-ci à l’égard du marché et de la politique d’État.
Agissant tels de virulents agents infectieux de conditionnement de l’esprit, d’endoctrinement de la réflexion et d’intoxication de la perception, les médias de masse jouant considérablement sur les émotions et le pulsionnel élèvent le « Sapiens » d’une façon subversive et torpide dans les champs subtils de la haine, de l’espoir, de la peur, de l’envie et de nombreux autres sentiments quand il ne s’agit pas de maladies de l’âme. La psyché étant plongée dans un état de concentration maximale, la puissance de la projection sur le « Sapiens » déclenchée par les déclarations d’une victime, d’un proche, d’un badaud témoin des faits, etc., interrogé par un journaliste et passant à la télévision, produit une identification, celui-ci ne se sent plus à la place de la victime mais s’assimile littéralement à celle-ci, ce qui engendre un ensemble de mécanismes psychologiques qui influencent le comportement.
Salleron, dans « Comment informer » à la page 37, démontre qu’« entre l’information et la propagande, il y a au moins une différence de degré et d’intention. L’information se veut information, c’est-à-dire communication de données dont l’informé fera ce qu’il veut. Elle s’adresse à la seule intelligence qu’elle entend meubler de connaissances. L’intelligence jugera. La propagande se veut propagande, c’est-à-dire influence sur celui à qui elle s’adresse. Elle veut convaincre. » Cette entrave devenue systémique au raisonnement individuel et indépendant autant qu’à la capacité de recul au gré des aléas des événements pousse ainsi le « Sapiens » à aller dans le sens souhaité, et, compte tenu de l’aptitude des médias de masse à « influencer » et non pas « informer » une large audience, ses facultés de réflexion ainsi que sa perception, sujettes donc à une soumission pernicieusement induite, deviennent très influençables et extrêmement malléables.
Mais qui sont ces serviteurs de la propagande ? Sont-ils réellement au service de l’information et de la société ou à la solde de l’idéologie et du pouvoir ? C’est ce que « Les nouveaux chiens de garde » nous propose de découvrir par l’analyse des médias français. Journaux, magazines, radios, chaînes de télévision et sites web appartiennent à de grands groupes industriels ou financiers liés d’une manière ou autre au pouvoir, au Système.
Source : 9 février 2013