Selon une source diplomatique marocaine, la sortie en Égypte du livre « Regards égyptiens sur le Sahara occidental » couplée de l’attaque médiatique contre Rabat sont la cause du revirement du discours médiatique officiel à l’égard du général-président Al-Sissi.
Selon l’agence de presse turque Anadolu, le diplomate marocain qui a requis l’anonymat a déclaré que l’autorisation octroyée par les autorités égyptiennes pour la publication du livre « Regards égyptiens sur le Sahara occidental », les dernières attaques menées par certains médias égyptiens contre Rabat et la visite en Algérie d’une délégation de journalistes égyptiens la semaine dernière pour participer à une rencontre internationale en soutien au Front Polisario et dans laquelle le livre a été présenté sont autant d’éléments qui ont provoqué l’ire des dirigeants marocains.
Le même responsable avait déclaré vendredi à l’agence Anadolu qu’une « coordination algéro-égyptienne de soutien au Front Polisario qui dispute au Maroc le territoire du Sahara et les attaques permanentes des médias égyptiens contre le Maroc ont contribué au changement du discours de la télévision marocaine vis-à-vis des dirigeants égyptiens actuels ».
Côté égyptien, une source diplomatique explique la crise différemment en déclarant que « la cause de la crise est à rechercher dans les tentatives des dirigeants de la confrérie des Frères Musulmans (FM) en Égypte pour inciter leurs homologues marocains à fomenter une crise contre l’Égypte surtout après la réconciliation égypto-qatarie et ce dans le but de nuire aux relations entre le Maroc et l’Égypte et essayer de trouver refuge à Rabat au lieu de Doha ».
Toutefois, Mohammed Soudan, un des leaders des FM égyptiens a déclaré que toute communication avec les FM du Maroc est « absolument infondée ». De son côté, Khalid Rahmouni, responsable au sein du Parti de la justice et du développement (PJD) a nié l’existence d’une organisation FM au Maroc pour que celle-ci puisse être contactée en vue de fomenter une crise entre le Maroc et l’Égypte.
Depuis la diffusion jeudi dernier à la télévision officielle marocaine d’un reportage qualifiant le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi de « putschiste » et le président déchu Mohammed Morsi de « président élu », les relations maroco-égyptiennes connaissent une friction soudaine.
Les diplomates, de part et d’autre, évoquent des motifs différents à la crise en l’absence d’une version officielle corroborant l’une ou l’autre version.
Le reportage ayant largement circulé sur les réseaux sociaux dans les deux pays est le premier du genre où un média officiel marocain qualifie de putsch l’intervention militaire en Égypte soutenue par des forces politiques et religieuses le 30 juin 2013.
Lors du reportage intitulé « les effets politiques du coup d’État militaire en Égypte », le présentateur de la première chaîne marocaine a déclaré : « Depuis le putsch militaire mené par le général Abdelfettah Al-Sissi en 2013, l’Égypte vit sous l’emprise du chaos et de l’insécurité. Les putschistes ont fait appel à des forces et à des institutions pour imposer un fait accompli et se maintenir ».
Pourtant, quand, en juin dernier seulement, le général Al-Sissi avait été « élu » président de l’Égypte, après avoir laissé sur le carreau des milliers de manifestants morts, le roi du Maroc avait alors dans un message au « putschiste » exprimé ses félicitations les « plus chaleureuses » et ses « vœux les plus sincères de plein succès dans l’accomplissement de ses éminentes fonctions ».