L’explosion de Haret Hreik est intervenue quelques heures seulement après l’annonce de l’arrestation du Saoudien Majed al-Majed, chef des Brigades Abdallah Azzam (liées à Al-Qaïda), qui avaient revendiqué l’attaque contre la chancellerie iranienne.
Les terroristes ont encore frappé aveuglément, dans la banlieue sud de Beyrouth, plus précisément dans la grande rue de Haret Hreik, une artère commerciale très fréquentée à n’importe quelle heure de la journée. La bombe, estimée entre 20 et 30 kilogrammes d’explosifs, était placée, selon les premières indications, dans les portières d’une Jeep Grand Cherokee. Elle aurait été actionnée par un kamikaze, qui a fait sauter le véhicule au milieu de la chaussée pour faire le plus grand nombre de victimes possibles. Le bilan s’élève à 6 morts et 66 blessés. La plupart, légèrement ou moyennement atteints, ont quitté l’hôpital jeudi soir
Selon des sources proches des enquêteurs, le terroriste a fait exploser la charge après avoir échoué à atteindre l’objectif initial qui lui était assigné. C’est le troisième attentat qui vise la banlieue sud depuis l’explosion de Bir al-Abed, le 9 juillet dernier, suivi de l’explosion meurtrière de Roueiss, le 15 août et du double attentat de Tripoli, une semaine plus tard. Entretemps, il y a eu la double attaque suicide contre l’ambassade d’Iran à Bir Hassan, le 19 novembre.
L’explosion de Haret Hreik est intervenue quelques heures seulement après l’annonce de l’arrestation du Saoudien Majed al-Majed, chef des Brigades Abdallah Azzam (liées à Al-Qaïda), qui avaient revendiqué l’attaque contre la chancellerie iranienne. L’attentat de Haret Hreik a été unanimement condamné au Liban et dans le monde. Moscou, Washington, Paris, Téhéran, Damas, toutes les capitales, ainsi que le Conseil de sécurité des Nations unies, l’ont fermement dénoncé. Au Liban, la plupart des réactions ont estimé que l’objectif des terroristes est de provoquer une discorde sectaire dans le pays. Le président de la Chambre, Nabih Berry, avait d’ailleurs exprimé des craintes que la prochaine cible des criminels, après l’assassinat de l’ancien ministre Mohammad Chatah, vendredi 27 décembre, soit chiite, pour justement exacerber les tensions confessionnelles.
Le président de la République, Michel Sleiman, le Premier ministre démissionnaire, Najib Mikati, et le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, ont lancé un appel au dialogue entre les différents protagonistes de la crise libanaise. Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a également réitéré la proposition de former un cabinet d’union nationale dans ces circonstances difficiles que traverse le Liban (Voir par ailleurs). Mais le 14-Mars à fait la sourde oreille à ces invitations. Ses principales figures ont condamné l’attentat de Haret Hreik, sans mention aucune au dialogue. L’ancien Premier ministre et chef du Courant du futur, Saad Hariri, a estimé, dans un communiqué, que ces attentats sont une conséquence de la «participation de certaines parties aux conflits externes, notamment en Syrie», en allusion à la présence de combattants du Hezbollah dans ce pays.
Des milieux du 8-Mars ont regretté les propos de M. Hariri, estimant qu’ils sont de nature à apporter des justifications aux terroristes qui prennent pour cible les civils innocents au hasard dans les rues. «Rien ne peut justifier de tels actes», ont déclaré les mêmes sources, accusant à nouveau le discours du 14-Mars d’être responsable de l’exacerbation des tensions sectaires et d’assurer aux groupes extrémistes une ambiance et un environnement propices aux développements de la pensée extrémiste.
Source : Médiarama