La décision française ne changera rien arithmétiquement au vote, la résolution palestinienne étant assurée d’obtenir les voix d’une large majorité des 194 États membres de l’Onu.
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a mis fin à l’ambiguïté de la position française quant à la demande d’admission de la Palestine à l’Onu, en annonçant mardi que la France votera la résolution en ce sens déposée à l’Assemblée générale des Nations unies jeudi, pour un vote intervenant le jour même, ou bien le lendemain vendredi.
L’ambiguïté tenait au fait que si François Hollande avait bien pris un engagement en ce sens, tant qu’il était encore candidat à la présidentielle – c’était l’engagement numéro 59 de sa campagne électorale –, il avait dit à peu près le contraire, fin octobre, en accueillant à bras ouverts Netanyahou à Paris.
La décision française ne changera rien arithmétiquement au vote, la résolution palestinienne étant assurée d’obtenir les voix d’une large majorité des 194 États membres de l’Onu. À part Israël et les États-Unis, un tout petit nombre de pays seulement devraient en effet s’y opposer. L’obtention, par l’Autorité Palestinienne, du statut requis, à savoir celui d’un « État observateur non membre », ne changera malheureusement rien non plus à la situation sur le terrain, où l’occupation israélienne continue sous toutes ses formes, au quotidien.
Un exemple parmi mille autres de la barbarie de l’état d’apartheid : le quotidien Haaretz révélait mardi que les rares travailleurs palestiniens de Cisjordanie ayant un permis pour travailler la journée en Israël n’avaient plus le droit désormais de monter à bord des autobus israéliens assurant la navette, et ce à la demande de voyageurs juifs « ne voulant pas s’asseoir à côté des Arabes ».
Le vote attendu de l’Assemblée générale des Nations unies représente néanmoins une victoire morale pour le peuple palestinien, qui l’aidera à résister.
Il ouvre aussi à la Palestine les portes d’une série d’agences spécialisées des Nations unies (agences pour l’alimentation, l’agriculture, le développement, l’environnement, etc.), dans la continuité de son entrée à l’Unesco l’an dernier, ainsi qu’un accès à la Cour pénale internationale (CPI).
C’est apparemment cette perspective qui embarrasse le plus les criminels au pouvoir en Israël. Par l’intermédiaire des États-Unis, indique mardi la presse israélienne, ils ont multiplié au cours des derniers jours les pressions sur les dirigeants palestiniens sur ce thème. Ils ont ainsi cherché à obtenir de l’Autorité Palestinienne un renoncement formel et écrit de sa part à déposer des plaintes contre des dirigeants israéliens coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité (et ce n’est pas le choix qui manque, en ce domaine) auprès de la CPI à La Haye (Pays-Bas). Mais Obama et ses aides ont échoué : Netanyahou et consorts sont donc furieux mardi soir.