Emmenés par un formidable orchestre, les artistes du Teyra Circus assurent !
Qui se souvient de la flamboyance du Circus Baobab, premier grand cirque d’Afrique de l’Ouest fondé à Conakry, en Guinée, attendait beaucoup de ses successeurs du Terya Circus. Les amateurs du genre, mais aussi ceux qui découvraient le cirque africain, n’ont pas été déçus. Avec leur spectacle Boulevard Conakry, en représentation au musée du Quai Branly – Jacques Chirac de Paris (*), les artistes de la compagnie circassienne guinéenne ont rendu le plus bel hommage qui soit à leur glorieux aîné. Ils ont d’ailleurs dédié Boulevard Conakry à Français Pierre Bidon, décédé en 2010, fondateur du Circus Baobab en 1997 et référence du cirque contemporain – il créa notamment le fameux cirque Archaos à Marseille et, de par le monde une dizaine de compagnies.
Le Circus Baobab tint dix ans, puis sombra pour raisons financières. Orphelins d’une discipline qui avaient pris superbement racine dans le pays grâce au soutien du ministre de la Culture d’alors, Telivel Diallo, certains passionnés du cirque fondèrent le Cirque mandingue, d’autres le Terya Circus (terya signifie « amitié » en mandingue) en 2008. Dans la foulée, ces derniers ouvrirent Hibiscus, le centre de formation pour les jeunes circassiens. En est sorti tout naturellement Boulevard Conakry en 2015, présenté à Marseille (France) en février 2017, dans le cadre de la 2e Biennale internationale des arts du cirque.
Leur prestation fut acclamée, et l’on comprend pourquoi : mêlant fluidité chorégraphie et arts du cirque, les dix acrobates (dont deux femmes) ont fait le show, emmenés par un formidable orchestre (kora, balafon, dum dum et djembé…), tout à son affaire dans le répertoire mandingue.
Le fil rouge du spectacle ? L’histoire du marché aux fruits de Conakry, ses commerçants pleins d’allant, ses clients tout en verve, ses jolies acheteuses et ses mauvais garçons… Tout un univers où pulsent l’énergie et la vitalité de la capitale guinéenne, prétexte aux démonstrations époustouflantes de la troupe.
Et ils assurent, les artistes ! Tantôt vêtus de collants noirs, tantôt de jeans-chemises, tantôt d’habits traditionnels ou, pour les filles, de robes colorées, leurs corps souples et athlétiques virevoltent, sautent, se contorsionnent dans les airs ; les mains jonglent, les pieds s’accrochent aux cordes, les pyramides humaines s’élèvent toujours plus haut. On rit, on prend peur, on frappe des mains pour encourager ces merveilleux et très techniques saltimbanques, un peu chanteurs, un peu acteurs, un peu danseurs.
Avec le Terya Circus et le Cirque mandingue (qui était en tournée à Paris en octobre dernier), le renouveau du cirque guinéen est bel est bien assuré. Mais pas seulement : d’Ethiopie, de Tanzanie, d’Afrique du Sud, les spectacles et écoles de cirque attirent toujours plus de jeunes artistes et de spectateurs. La capitale parisienne, elle, aura à nouveau la chance d’accueillir en janvier le troisième spectacle du CirkAfrika, une troupe rassemblant le meilleur des circassiens du continent. A mettre en haut de la liste des priorités culturelles de 2018 !
(*) Jusqu’au 17 décembre, puis du 22 au 31 décembre aux Nefs de l’île de Nantes.