Qu’est-ce qui aurait bien pu décider le gouvernement Assad, à Damas, à se saborder de la sorte? Bombarder au gaz sarin (un peu) dans une banlieue d’Idlib, où se trouvaient surtout des civils, et tuer 100 personnes dont beaucoup d’enfants. Un « petit » bombardement peu efficace, une opération mal emmanchée, avec un impact médiatique épouvantable pour le régime, alors que les Syriens d’Assad seraient – aux dires de l’opposition – en possession de stocks massifs d’armes chimiques, malgré le désarmement chimique de 2013, encadré par la Russie. Quel intérêt?! Aucun.
Les victimes du gaz à Khan Cheikhoun ne sont peut-être pas dues au bombardement de l’aviation d’Assad. La thèse du dépôt de munitions visé est plausible.
Quelques jours plus tôt, le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Rex Tillerson, avait déclaré que les Etats-Unis n’exigeaient plus le départ d’Assad et acceptaient de discuter avec lui et avec son protecteur russe… Et comme par hasard, Assad détruit toutes ses chances en attaquant au gaz?!
Assad aurait-il été débordé par sa force aérienne, qui n’aurait pas résisté à attaquer au gaz? Dans une telle dictature, c’est impossible. Les officiers et les pilotes seraient immédiatement passés par les armes. Hypothèse à écarter!
La Turquie a été accusée d’avoir autorisé l’entrée d’armes chimiques en Syrie (du sarin) à l’intention de l’EI et l’EI a plus que probablement capturé des dépôts syriens d’armes chimiques lors de son expansion dans le pays.
Aujourd’hui, les Syriens d’Assad et les Russes affirment détenir les preuves que la Turquie a fourni des armes chimiques par convoi militaire à la région d’Idlib, dans les heures (!) qui ont précédé l’attaque. Le ministre syrien des Affaires étrangères Abdelkader Azan affirme que l’aviation syrienne a visé un dépôt de munitions des terroristes du Front Al Nosra. Il faut faire vérifier ces affirmations, par l’ONU.
Le nombre de survivants, qui n’ont pas été traités immédiatement, indique une faible contamination au sarin, pas par bombardement au gaz…
Votre journal, Le Peuple, a consulté un expert de la guerre NBC (Nucléaire Bactériologique Chimique) de la Défense belge, qui confirme que de telles bombes aux gaz toxiques ont un impact au sol d’un km de diamètre et plus, selon le vent, la température, le degré hygrométrique. Ce n’est pas le cas ici.
Les témoignages video présentés par les combattants du front Al Nosra (qualifié par tous les Occidentaux de terroriste) bombardés à Idlib montrent une attaque au gaz sarin, mais de nombreux témoignages video ont l’air nettement manipulés: le médecin « britannique » (en fait un musulman naturalisé parti aider les jihadistes) qui se met en scène avec les victimes, l’homme « aidé par ses frères », filmé après avoir enterré ses jumeaux dans une mise en scène très douteuse, les « casques blancs » (de la pure propagande déjà à l’œuvre à Alep) actifs à aider les blessés,…
Un homme témoigne qu’il a des rougeurs aux jambes. Ce n’est pas un symptôme d’une intoxication au gaz sarin ou au chlore gazeux. S’il a inhalé le sarin, il est KO en quelques secondes, or il prétend avoir aidé d’abord d’autres victimes, puis avoir quitté la scène pour monter sur une terrasse où il se serait évanoui. Le fait que des personnes atteintes aient survécu, malgré leur évacuation sans injection immédiate d’atropine est très curieux. Cela indique que la concentration en agent chimique était très faible. Cela va dans le sens de la destruction d’un dépôt d’armes chimiques ou de composants toxiques…
Impact d’obus au gaz? Pour le moins douteux! Les Russes avertissent de ne pas se fier aux mensonges des ONG
Les videos d’hommes analysant des impacts dans le bitume d’une route, avec un canari en cage, montrant l’oiseau mort sont de la mise en scène: les impacts dans la chaussée sont minuscules.
Le journal (pro guerre) Libération donne la parole à un « expert » qui déclare: « si cet entrepôt existait vraiment et stockait du gaz sarin, il aurait été sous forme liquide, dans des conteneurs ou des obus et missiles, qui auraient été volés au régime syrien. Il est très peu probable que les rebelles aient pu en fabriquer eux-mêmes ». C’est faux et démenti par d’autres sources dont l’ONU. La capacité des rebelles est avancée. Ils ont exécuté plusieurs attaques chimiques, notamment à la Ghouta en août 2013.
Du même expert: « pour que le gaz soit répandu, il aurait fallu qu’une explosion détruise les contenants et que le liquide soit chauffé, par la suite, à plus de 147°C pour devenir un gaz. Un grand incendie l’aurait permis… cela ne semble pas être le cas. » Non, si comme cet « expert » le dit, le liquide n’a pas été chauffé pour se transformer en gaz, les retombées d’un bombardement aurait fait s’échapper du sarin liquide, qui s’attaque à la peau par gouttelettes. On est dans des suppositions à VERIFIER par enquête internationale. L’ONU est là pour ça…
La thèse du dépôt d’armes chimiques de l’EI bombardé est plausible. L’OMS indique des symptômes dus au sarin mais aussi une odeur de chlore sur certains blessés. Le sarin (comme la plupart des neuro-toxiques) est inodore et incolore. Tactiquement parlant, mêler bombes chimiques avec bombes « conventionnelles » n’a pas beaucoup de sens et encore moins de mêler dans un même projectile agent chimique et explosif conventionnel.
La chaleur dégagée par les explosifs conventionnels provoquerait l’évaporation rapide de l’agent chimique, si pas sa destruction par le feu. Balancer du chimique non persistant (le sarin s’évapore à l’inverse du VX qui lui, reste contaminant sur une longue période et interdit l’occupation du terrain) sur une zone d’habitations n’a pas beaucoup de sens: les gens calfeutrés chez eux seraient à l’abri de l’agent chimique. Les troupes du régime à proximité du lieu d’explosion sont également mises en danger si elle sont sous le vent. Pour obtenir un effet avec du sarin, il faudrait balancer 200 tonnes d’agent toxique par hectare en terrain ouvert… Soit 400 bombes de 500 Kg ou un raid de 100 Mig 29 (2 tonnes de bombes par appareil).
Ici, il semble qu’il n’y ait qu’un seul point d’explosion chimique : un immeuble détruit par une bombe ou un missile conventionnel. Si un dépôt chimique se trouvait dans les caves, les containers de matières toxiques (sarin, chlore et autres) ont libéré leur contenu dans les ruines du bâtiment et dans le proche voisinage et ont contaminé une petite zone avant de s’évaporer. Il est aussi probable que des sauveteurs non équipés se soient aventurés dans les décombres et aient été contaminés. L’OMS n’a pas recensé beaucoup de personnes blessées ou tuées par éclats. Ce qui renforce la thèse d’un bâtiment quasi vide comme un entrepôt.
Les effets directs de mise hors de combat des personnels pour le Sarin (GB américain) et le Soman (GD américain) est de 200 ha/tonne. L’attaque n’est donc pas une attaque d’envergure; qui aurait fait beaucoup plus de morts et aurait contaminé un territoire beaucoup plus grand.
Les media russes affirment que l’OSDH, « l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme » basé à Londres et auquel se réfèrent en permanence les média européens, c’est UNE seule personne derrière son ordinateur! C’est probablement vrai et en dit long sur les « sources fiables » de la presse occidentale, habilement manipulée.
La Commission européenne a décrété des sanctions envers Assad (embargo pétrolier, gel des avoirs bancaires,…), qui contredisent totalement les recommandations d’une mission du parlement européen qui s’est rendue en Syrie du 10 au 12 mars. Du grand n’importe quoi. Dans ce contexte, la représentante de l’UE, Madame Mogherini, est inexistante et inaudible.
Pendant ce temps, Israël, préoccupé à juste titre par sa défense, intervient en Syrie contre le Hezbollah, qui aide Assad. Peut-être Israël manipule-t-il le gouvernement américain dans cette affaire, pour mieux se protéger de l’Iran et d’Assad? Les Américains eux, ont prévenu qu’ils ne donneraient plus d’indications sur le nombre d’hommes qu’ils déploient sur le terrain en Syrie, pour ne pas donner d’informations à l’EI.
Dans cette affaire, il y a au moins un doute raisonnable quant à l’attaque au gaz. Il faut absolument une enquête sérieuse. La « riposte » américaine est malvenue et ne fait qu’accroître les tensions, sans que les « parrains » des belligérants soient sûrs de l’auteur de l’attaque au gaz. Donald Trump n’a pas consulté le Conseil de Sécurité de l’ONU. C’est au Conseil de Sécurité qu’il faut maintenant amener cette pénible affaire.
P.H. et L.R.
https://lepeuple.be/vraiment-assad-a-bombarde-idlib-gaz/80496