Des tirs nourris ont fait plus d’une dizaine de morts chez les soldats ivoiriens, près du camp militaire d’Akouédo, dans la capitale économique, Abidjan. Les agresseurs n’ont pas encore été identifiés.
La Côte d’Ivoire parviendra-t-elle un jour à retrouver la paix et la sécurité ? Alors que tout semblait réuni pour tourner définitivement la page de la grave crise postélectorale de novembre 2010-avril 2011 (qui a fait environ trois mille morts), des assaillants, non encore identifiés, ont semé la mort dans la capitale économique, Abidjan. Onze militaires des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, armée régulière) tués en l’espace de deux jours, c’est le bilan macabre qui a replongé Abidjan dans le souvenir des moments pénibles de 2011. A cette époque, un fameux groupe armé non identifié, appelé « commando invisible », se faisait connaître en organisant, dans la commune abidjanaise d’Abobo, une résistance armée aux troupes fidèles au président d’alors, Laurent Gbagbo.
Depuis la nuit du 4 au 5 août, qui a vu un groupe d’individus lourdement armés mitrailler des militaires FRCI dans un commissariat de police et dans un poste de contrôle de l’armée dans la commune de Yopougon (bastion des miliciens et soldats pro-Gbagbo pendant la crise postélectorale), les Abidjanais s’interrogent, à nouveau, sur l’identité et la provenance de ces nouveaux assaillants. Bien que le lien n’ait pas encore été formellement établi entre les attaques de la nuit du 5 août et celles du camp militaire d’Akouédo, tôt le matin du 6 août, plusieurs indices laissent supposer qu’il s’agit d’actions liées, exécutées par les mêmes groupes.
En visite au camp d’Akouédo (la plus grande caserne d’Abidjan) où six soldats ont été tués (contre un seul des assaillants), le ministre délégué auprès de la Présidence de la république, chargé de la défense, Paul Koffi Koffi, a confié que des enquêtes étaient en cours. A en croire des sources proches de l’armée, l’on devrait en savoir plus lorsque les témoignages et les investigations entamées auront été recoupés et analysés. L’on attend beaucoup, également, des opérations de ratissage des environs du camp d’Akouédo. En attendant, les supputations vont bon train. Certaines sources affirment que les assaillants seraient d’anciens soldats pro-Gbagbo intégrés dans l’armée républicaine, mais qui n’auraient pas abandonné leur dessein de reconquérir le pouvoir par la force. Des soldats FRCI considérés comme ayant pris une part active aux combats ayant abouti à la capture, le 11 avril 2011, de l’ancien président Gbagbo, mauvais perdant des élections présidentielles de décembre 2010, seraient, à en croire ces sources, dans le collimateur des nouveaux assaillants animés par un sentiment de vengeance.
Ces nouveaux combats dans la ville d’Abidjan viennent alourdir un climat déjà tendu par des affrontements récurrents dans l’ouest du pays, une région favorable à l’ancien président Gbagbo, où des mercenaires libériens autrefois à la solde de ce dernier traversent régulièrement la frontière pour mener des incursions meurtrières en Côte d’Ivoire.
A la veille de la commémoration du 52e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, et alors que le Président, Alassane Ouattara, multiplie l’ouverture de chantiers de développement (lancement des travaux d’une autoroute Abidjan-Grand-Bassam et chantier d’adduction d’eau à Bonoua pour alimenter Abidjan), le retour de l’insécurité vient saper les efforts du gouvernement. « Cela semble être l’objectif final : empêcher les investisseurs de revenir en créant un climat d’insécurité permanente, et saboter l’œuvre de reconstruction du pays qui a été amorcée», confie une source proche des milieux du renseignement.