Le chef de l’Etat centrafricain, François Bozizé, a opposé une fin de non-recevoir aux négociations qui s’ouvrent ce mercredi 9 janvier à Libreville (Gabon).
Les discussions auraient dû commencer entre toutes les forces en présence en Centrafrique, à savoir le chef de l’Etat, les partis politiques d’opposition, les formations politico-militaires dont la plupart ont désarmé et les rebelles de la Seleka. Un des protagonistes manque à l’appel : le président François Bozizé. « Il n’y a rien à négocier », a-t-il déclaré à la presse. « Si l’on commence à donner la parole à tous les rebelles, quels qu’ils soient, ils ne vont plus s’arrêter », estimait-il au micro de RFI. Une bien curieuse façon de commencer les pourparlers de cessez-le-feu…
La Seleka semble pourtant en position de force, en dépit des tensions internes entre les différents groupes qui la composent. Arrêtée (volontairement, affirme-t-elle) quasiment aux portes de Bangui, elle maintient ses revendications, qui rejoignent celles des opposants : la renégociation des accords signés entre toutes les forces de la nation entre 2007 et 2011 et, en particulier, l’accord inclusif de 2008, resté lettre morte pour le chef de l’Etat.
C’est l’inertie de François Bozizé, doublée d’une volonté persistante d’installer les membres de sa famille aux rouages principaux du pays, qui ont eu raison de la patience de la frange la plus instable de la population centrafricaine. Parvenu lui-même au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat contre l’ancien président feu Ange-Félix Patassé, François Bozizé pouvait se prévaloir jusqu’à ces derniers mois de l’aide des Tchadiens, qui lui garantissaient une relative paix civile, du moins dans la capitale et à ses abords. Mais le puissant voisin semble s’être lassé d’investir en pure perte dans la sécurité d’un gouvernement de plus en plus faible, et dans l’incapacité de faire décoller le pays.
L’opposition politique est tout aussi déçue par ce népotisme, tout comme par la mauvaise gouvernance, la corruption et le pillage des richesses du pays – la Centrafrique produit des diamants parmi les plus purs du monde – L’un de ses principaux leaders, Jean-Jacques Demafouth, ancien ministre de la Défense, participe aux négociations de Libreville au titre de son mandat des Nations unies pour le désarmement-démobilisation-réinsertions des combattants issus des précédentes révoltes. Il est donc très bien placé pour analyser les motivations des rebelles actuels et les conduire, en souplesse, vers l’acceptation d’un cessez-le-feu.
Mais les discussions ne pourront porter leurs fruits que si le président accepte d’écouter ses interlocuteurs et, surtout, de les entendre.