L’intervention des coalisés est due à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, initiée à la demande, entre autres, des Etats-unis. La polémique enfle : Barack Obama en avait le droit ?
Le microcosme médiatique et politique à Washington est actuellement très divisé sur les fondements légaux de l’intervention militaire américaine en Libye autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies mais pas par le Congrès.
Un des arguments utilisés (à gauche comme à droite) revient à dire que cette action n’a jamais été autorisée par le Congrès. Obama avait-il le droit constitutionnel d’agir ?
L’histoire récente montre clairement que, depuis 1950, époque à laquelle le président Harry Truman envoya des troupes en Corée du Nord sans aucune déclaration de guerre et sans l’aval préalable du Congrès, aucun de ses successeurs à la Maison blanche n’a sollicité une décision formelle du Congrès pour envoyer des troupes à la guerre. Ceci, en dépit du fait que la Constitution (article 1, Section 8) stipule que le Congrès est le seul organe constitutionnel à pouvoir « déclarer la guerre ». Des présidents, républicains autant que démocrates, ont consulté le Congrès mais ont autorisé l’action militaire eux-mêmes et seuls. Parfois, comme dans les deux guerres du Golfe, le Congrès a contourné son rôle constitutionnel en votant une résolution de soutien à l’action militaire proposée, mais aucun président ne s’est obligé d’avoir l’accord de la branche législative.
C’est dans ce contexte de controverse que Barak Obama s’est adressé lundi 28 mars au peuple américain pour expliquer les raisons l’engagement américain en Libye.
Dans ce discours prononcé à la National Defense university à Washington, Barack Obama, a certes justifié l'intervention militaire en Libye par la nécessité d'éviter un « massacre » et « d'horribles violences » à l'endroit de civils. Il ne pouvait faire autrement, lui qui a tant trainé les pieds avant de s’y engager. « Certaines nations, a-t-il dit, peuvent fermer les yeux sur des atrocités commises à l'étranger. Pas les États-Unis d'Amérique. En tant que président, j'ai refusé d'attendre de voir des images de massacres et de fosses communes pour agir. »
Prenant soin d'éviter le mot « guerre » tout au long de son discours, le président américain a vanté l'efficacité et la rapidité de l'intervention militaire, qui a notamment permis aux insurgés de reprendre la ville stratégique d'Ajdabiya. « En tout juste un mois, les États-Unis et leurs partenaires internationaux ont mobilisé une large coalition, obtenu un mandat international pour protéger les civils, arrêté une armée en marche, empêché un massacre et établi une zone d'exclusion aérienne avec nos alliés. », a-t-il souligné.
Bien que le président américain n’ait pas caché son souhait de voir le leader libyen quitter le pouvoir, il s’en tient officiellement à l'application de la résolution 1973 de l'ONU, qui limite les opérations militaires à la protection des civils. Car « si nous essayions de renverser Kadhafi par la force, notre coalition se disloquerait », a estimé M. Obama. Pas question, donc, de provoquer militairement la chute de Kadhafi.
Le président américain souhaite avant tout éviter une répétition du scénario vécu en Irak. « Le changement de régime [en Irak] a pris huit ans, des milliers de vies américaines et irakiennes et près de 1000 milliards de dollars. Nous n'avons pas les moyens de répéter cela en Libye », a indiqué le président américain.
Barack Obama a admis que la transition politique vers un gouvernement légitime sera difficile. La tâche n'incombera pas seulement aux États-Unis, a-t-il assuré, mais bien à la communauté internationale et au peuple libyen. L'après-Kadhafi.