Les efforts diplomatiques se renforcent de tous côtés pour tenter de trouver une issue à la crise libyenne, qui dure depuis maintenant trois mois. Les bombardements de l’Otan ne cessent pas.
Le président de l’Autorité nationale des hydrocarbures, Choukri Ghanem, ancien Premier ministre, a quitté la Libye et proclamé sa dissidence au régime de Kadhafi dans une déclaration rapportée mardi 17 mai par la télévision qatarie Al Jazeera. Après Moussa Koussa, le ministre des Affaires étrangères, et Ali Abdessalam Triki, responsable des affaires africaines, Choukri Ghanem, un des meilleurs connaisseurs du secteur pétrolier libyen, est la troisième personnalité du premier cercle des soutiens de Kadhafi à faire défection depuis le début du soulèvement contre le régime, il y a trois mois. L’information n’a reçu pour l’instant aucun commentaire de Tripoli.
Le colonel Kadhafi, son fils aîné, Seif El Islam, et le directeur des services de renseignements Abdallah Senoussi, sont depuis lundi 16 mai sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour Pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité ».
«Les preuves recueillies montrent que Mouammar Kadhafi a personnellement commandé des attaques contre des civils libyens non armés. Ses forces ont attaqué des civils libyens chez eux et dans des lieux publics, tiré des balles sur des manifestants, utilisé des armes lourdes contre des participants à des funérailles et placé des francs-tireurs pour tirer sur ceux qui quittaient la mosquée après les prières. Il a commis ces crimes dans le but de préserver son autorité absolue », a déclaré le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, lors d’une conférence de presse à La Haye. Moreno-Ocampo a qualifié Seif Al-Islam, de « Premier ministre de facto », en l’accusant de recruter des mercenaires contre les insurgés. Il a accusé Abdallah Al-Senoussi, bras droit et beau-frère de Mouammar Kadhafi, d’avoir « personnellement ordonné certaines attaques ».
Réagissant à ces décisions, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a déclaré que « les heures du régime sont comptées » et affirmé qu’une réflexion était en cours dans le « cercle restreint du régime » pour trouver une « porte de sortie » au colonel Kadhafi. Le proches du « Guide », seraient en quête d’un « lieu où, de manière convenable, [Kadhafi] pourrait se retirer et disparaître pour toujours de la scène politique », a-t-il dit.
Tandis que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, indiquait que des émissaires de Mouammar Kadhafi étaient attendus mardi 17 mai à Moscou, plusieurs personnalités officielles libyennes se sont rendues en Tunisie dans le cadre d’efforts visant à trouver une solution à la crise, selon l’agence officielle tunisienne TAP.
Sur le terrain, trois fortes explosions ont secoué le secteur de Bab Al-Aziziya, résidence du dirigeant libyen dans la capitale Tripoli et de nouvelles frappes aériennes ont été menées dans la banlieue est de Tripoli, où un site de radars a été notamment détruit, selon l’agence officielle libyenne Jana. Un bâtiment des services de sécurité intérieure et le siège du ministère d’inspection et de contrôle populaire, organe de lutte contre la corruption en Libye, étaient en feu très tôt mardi 17 au matin, après des raids de l’Otan. Les deux bâtiments sont situés sur l’avenue Al-Joumhouriya, un quartier résidentiel et administratif, au centre de la capitale, non loin de la résidence du colonel Mouammar Kadhafi.
Dimanche 15 mai au soir, le chef du gouvernement libyen Baghdadi Mahmoudi avait proposé à l’émissaire de l’ONU, l’ancien ministre jordanien des Affaires étrangères Adbel-Elah al-Khatib, « un cessez-le-feu immédiat simultanément avec un arrêt des bombardements de l’Otan », selon Jana.