L’Algérie, une terre d’accueil
Doit-on être surpris par ce communiqué du ministère des Affaires étrangères dans lequel il est annoncé l’accueil sur le territoire algérien de membres de la famille de Mouammar Kadhafi ? Pour qui se souvient encore que l’Algérie a, de tout temps, été une terre d’asile, ne peut être étonné par cette décision. Et que présentement cet asile ait été offert à l'épouse de Mouammar Kadhafi, Safia, sa fille Aicha, ses fils Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants ne change rien à la donne. Du point de vue d’Alger, il ne pouvait en être autrement. Cela n’a rien de politique. Et à la limite l’Algérie n’avait même pas besoin d’expliquer sa décision et de souligner qu’elle est motivée par des raisons strictement humanitaires. Car c’est l’évidence même, au moment où la chasse à tous les Kaddafi et les pro-Kadhafi est menée par la rébellion. Pour preuve, Amnesty International (AI) a rendu public un communiqué dans lequel cette ONG tire la sonnette d’alarme et attire l’attention sur la précarité de la situation des personnes ayant combattu aux côté des forces loyalistes libyennes.?Pour peu qu’elles soient suspectées, subissent de mauvais traitements par les forces anti Kadhafi est-il constaté par Amnesty International (AI). Il est dès lors facile d’imaginer le sort qui aurait été réservé aux proches de Kadhafi.?A telle enseigne que des pays occidentaux ont mis en garde les dirigeants du CNT contre les exactions dont les rebelles se rendraient coupables à l’encontre de la population civile.?Cette même population que les Nations unies a cherché à protéger en adoptant la résolution 1970. Pourtant, il est difficilement concevable qu’on puisse imaginer que l’on refuse à un pays, en l’occurrence l’Algérie, une latitude que l’organisation onusienne a accordé à d’autres Etats membres. Et ce, d’autant plus, que les autorités algériennes ont pris le soin de porter à la connaissance du secrétaire général des Nations unies, du président du Conseil de sécurité et de M. Mahmoud Djibril, président du Conseil exécutif du Conseil national de transition libyen, leur décision. Une décision qui est encore moins « condamnable » lorsqu’on sait que certains membres du CNT, ont déclaré suite au communiqué des AE « ne pas comprendre que l’on puisse sauver des membres de la famille Kadhafi », prouvant ainsi le sort qui leur était réservé s’ils avaient été capturés. Le respect affiché par les Etats-Unis à l’égard de la position algérienne dans la crise libyenne n’est pas étranger à leur connaissance de ces faits. La participation de Mourad Medelci à la conférence de Paris prouve, si besoin est, la ligne de conduite que l’Algérie s’est imposée. Mais gageons que l’Algérie aurait réagi de même s’il ne s’était pas agi des membres de la famille du dirigeant libyen.?