L’économie tunisienne passe une crise profonde : la croissance du PIB a été presque nulle, la production industrielle recule, l’investissement baisse et le chômage augmente. Le déficit extérieur élevé aggrave l’endettement et pousse à la dépréciation du dinar.
La solution passe par une reprise urgente des investissements pour accélérer la production et l’emploi. Cette reprise permettra de relancer les exportations et d’attirer des financements stables intérieurs et extérieurs. Ce redémarrage du circuit économique nécessite une réconciliation nationale qui que trop tardé, une initiative lancée récemment par le Président de la République pour relancer l’économie et sortir de la crise vécue.
- tunisiennes (ayant plus de 200 salariés) :
Le nombre de grandes entreprises (plus de 200 salariés) en Tunisie est environ de 800 dont 200 étrangères et 600 appartenant aux tunisiens. Ces entreprises occupent la moitié de l’emploi du secteur privé structuré selon les statistiques de l’INS.
Il est intéressant de noter que du point de vue forme juridique, 400 parmi les grandes entreprises sont SARL, ce qui montre l’importance des propriétaires de ces entreprises.
Si on élimine les entreprises offshore et les entreprises publiques, le nombre des grandes entreprises privées tunisiennes résidentes se limite à 400 entreprises.
Les Propriétaires de ces entreprises sont intéressants à plusieurs égards : pour l’investissement, l’emploi, le développement régional, la fiscalité. Ces entreprises fonctionnent essentiellement pour le marché intérieur et ne sont pas contraintes par le marché extérieur.
En Tunisie, la Bourse est encore limitée (institutions financières surtout), la propriété se confond souvent avec la gestion directe.
Enfin, plusieurs Groupes tunisiens possèdent plus d’une grande entreprise. Le nombre de grands entrepreneurs privés est donc encore plus faible que celui des grandes entreprises.
En Conclusion : les grandes entreprises tunisiennes qui déterminent l’évolution de l’économie privée ne dépassent pas 400 unités, elles sont possédées par un nombre encore plus faible de Groupes ou d’entrepreneurs dynamiques.
Une bonne connaissance du terrain et une enquête auprès des banques et de la BCT ainsi qu’auprès des Ministères intéressés (Industrie, Commerce, Transport, Equipement, Tourisme) permettra de faire le point sur celles qui peuvent faire des extensions rapides et celles qui ont des projets bloqués ou des contraintes qu’il est possible de lever.
Un nombre élevé de ces entrepreneurs fait l’objet actuellement de poursuites judiciaires (le chiffre initial de 400 hommes d’affaires poursuivis correspond paradoxalement au total mentionné ci-dessus).
Ce qui montre la nécessité de la réconciliation nationale lancée par Le Président de la République pour pouvoir relancer l’économie, car les PME et le Micro entreprises suivent, mais l’effet d’entraînement doit venir des grandes entreprises.
L’appel à l’investissement extérieur, à grande échelle, passe par un partenariat avec les investisseurs locaux ou avec l’Etat pour réaliser des grands projets. L’investissement étranger par les PME, comparable à celui induit par la loi de 1972, prendra du temps car il est lié au déplacement des personnes qui exige une période de transition et une sécurité totale dans la région.
Les actions rapides proviennent donc en priorité d’une association entre grands groupes privés nationaux et étrangers.
3. L’Administration publique et parapublique :
Plusieurs cadres de l’Administration, du secteur bancaire, des entreprises publiques et des collectivités locales font l’objet de poursuites judiciaires liées au régime politique précédent. Ce climat touche l’ensemble des cadres de ces structures et notamment les ex-adjoints qui se sont trouvés en position de nouveaux responsables craintifs des problèmes connus par leurs ex-chefs hiérarchiques. Cela a freiné le fonctionnement de ces structures d’appui à la production et à l’investissement.
La solution fondamentale aux problèmes économiques tunisiens consiste à relancer l’appareil de production et non la demande comme cela a été fait ces dernières années, car cette dernière comporte une forte composante d’importations. La relance de l’offre locale passe par une mobilisation des hommes d’affaires nationaux dans le cadre de la réconciliation nationale et d’une façon plus générale du processus d’unité nationale récemment engagé. Cette nouvelle stabilité recherchée permettra d’attirer les investissements directs étrangers qui sont attirés par les avantages comparatifs de la Tunisie en termes de localisation et de qualité des ressources humaines notamment.
- L’urgence de création d’emplois :
En attendant d’attirer de nouveaux investissements étrangers, il est nécessaire d’inciter les grandes entreprises existantes à créer de l’emploi immédiatement dans les régions de l’intérieur notamment ?
Dans le cadre de la réconciliation nationale, les chefs d’entreprises feront un effort pour recruter de la main d’œuvre additionnelle.
Cette solution exige un engagement des patrons suite à une mobilisation de la part des organisations nationales et notamment l’UTICA. Pour cela, une attention particulière doit être allouée aux chefs des grands groupes qui doivent donner l’exemple, une fois la réconciliation nationale accomplie.
- L’urgence d’accélérer l’investissement :
Le taux d’investissement a baissé d’un niveau supérieur à 25% du PIB au cours de la dernière décennie à moins de 19% du PIB actuellement dont une bonne partie indirectement productive (infrastructures, logements).
Ce taux ne permet pas la croissance économique et la création d’emplois. La relance de l’investissement dans le pays est donc urgente. Elle passe par la reprise de confiance par les investisseurs locaux et l’assainissement du climat des affaires. Elle nécessite l’adoption de la loi de réconciliation nationale qui mobilisera le potentiel tunisien d’hommes d’affaires et de cadres administratifs pour que le pays retrouve un taux de croissance du PIB de 5% par an réalisé au cours de plusieurs décennies passées.