La famille Daboussi, désespérant d’être entendue par la Justice tunisienne, qu’elle accuse d’être « sous influence », a décidé de déposer plainte en France, devant le tribunal de Grande instance de Paris, pour « torture, coups mortels, détention arbitraire et défaut d’assistance à personne en péril » commis au préjudice de Jilani Daboussi en Tunisie.
La plainte contre X déposée lundi après-midi par Me Gérard Chemla du barreau de Reims, implique directement deux ministres du gouvernement islamiste d’Ennahda : celui de la Justice Nouredine Bhiri et celui de la Santé Abdelatif Mekki, ainsi que plusieurs hauts-fonctionnaires et magistrats, et une médecin des services pénitentiaires.
Jilani Daboussi est mort le 7 mai 2014, quelques heures après sa remise en liberté, à l’issue de trente mois de détention préventive éprouvante, alors que, vivant en Tunisie et ayant un casier judiciaire vierge, il présentait des garanties de présentation incontestables qui lui donnaient le droit de comparaître libre à un éventuel procès. Il n’a jamais été jugé pour aucun des faits qui lui étaient reprochés et ses demandes de libération provisoire ont été rejetées. Son avocat Gérard Chemla écrit dans sa plainte : « d’une façon générale on constate que lorsqu’une accusation paraissait fantaisiste le mandat de dépôt était levé, mais un autre mandat de dépôt intervenait aussitôt pour une autre accusation tout aussi infondée ». Il était médecin, maire de Tabarka, député, vice-président de la commission des affaires financières, président du festival international du jazz.
Avant de rendre son dernier souffle, Jilani Daboussi s’est retournée vers sa femme Annie Daboussi pour lui chuchoter dans un dernier sursaut : « ils m’ont eu ». Pour sa famille, comme pour un grand nombre de ses amis, Jilani Daboussi est mort victime d’un règlement de compte qui le concerne personnellement, sans doute, mais s’étend aussi à tous les cadres tunisiens qui étaient en fonction sous le régime de Ben Ali. Ils sont accusés sans discernement de corruption, alors qu’ils n’avaient fait, dans leur écrasante majorité, qu’appliquer la politique de l’état avec une intégrité qui leur était reconnue par l’ensemble des organisations internationales avec lesquelles ils avaient affaire. Plus de trois ans après le renversement de Ben Ali, certains continuent à être interdits de sortie, sans qu’aucune mise en examen ne leur a été signifiée.