Les effets secondaires de l’intervention militaire des Occidentaux en Libye en 2011 qui ont contribué à transformer l’Ouest africain en un nouvel Afghanistan semble vouer la région à la spirale des interventions extérieures incessantes.
Les exactions s’ajoutent aux nombreux assassinats, pillages et viols commis dans la région depuis six mois. Elles s’insèrent dans un plan d’instauration d’un Islam rigoriste au Nord Mali qui était resté jusque-là étranger à la culture salafiste
A Tombouctou, le responsable des destructions est Sanda Ould Boumama, narco-trafiquant proche de l’AQMI (Al Qaida Maghreb), présenté à tort par les agences occidentales selon des sources locales comme un porte parole de Ansar Dine. A Gao, la ville a été prise le 27 juin par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Le MUJAO considéré comme dissident de l’AQMI est un mouvement mauritanien qui a notamment enlevé quatre personnes à Tindouf en 2011. Il protège dans ses rangs des membres du Croissant rouge du Qatar qui contribuent ainsi à légitimer son action à Gao… (sur les relations entre le Qatar et le gouvernement français de M. Hollande voir Le Parisien du 23 juin dernier).
La ministre malienne de la culture en visite à St Petersbourg s’est prononcée pour une intervention de l’ONU en faveur de la sauvegarde du patrimoine culturel de son pays, et le Maroc (qui n’est pas concerné par cette affaire) fait pression pour une action en ce sens des pays islamiques. L’Algérie jusqu’ici sur une ligne de non-ingérence a reçu diverses demandes d’intervention militaire du gouvernement malien (Il est exclu qu’elle se laisse entraîner dans ce bourbier malgré l’enlèvement de 7 de ses diplomates dans le Nord du Mali).
Tandis que le Niger (pourtant hostile à la présence de bases françaises sur son sol) fait pression sur la France pour intervenir militairement, les Etats-Unis pour leur part ont déconseillé à la CEDEAO de le faire estimant que le contingent de 3 300 hommes prévu pour intervenir au Mali devrait rester dans la partie sud du pays. Le ministre des affaires étrangères français M. Fabius hier s’est dit confiant qu’une résolution du conseil de sécurité de l’ONU autoriserait prochainement l’usage de la force au Nord Mali (alors que celui-ci début juin encore jouait la carte de l’attentisme). Mais en Afrique des voix comme celle du président guinéen Alpha Conde estiment qu’un envoi de troupes au nord du pays ne serait légitime que si elle était sollicitée par un gouvernement d’union nationale malien, qui n’existe pas en ce moment (du fait notamment des tergiversations de la CEDEAO sur le sujet).
Les effets secondaires de l’intervention militaire des Occidentaux en Libye en 2011 qui ont contribué à transformer l’Ouest africain en un nouvel Afghanistan semble vouer la région à la spirale des interventions extérieures incessantes.
Atlas alternatif Mercredi 4 juillet 2012