La minuscule monarchie du Golfe, qui massacre et réprime ses opposants avec l’aide du voisin wahhabite saoudien et le silence de la chaîne qatarie Al-Jazeera, cherche à soigner son image à travers cet événement.
Il est suffisamment rare qu’un média sportif français spécialisé, SportAuto, en l’occurrence, renie la bonne vieille règle « pas de politique dans le sport » au nom de laquelle nos rugbymen tricolores, par exemple, se sont payé des tournées en Afrique du sud de l’apartheid, sous les ovations de la presse française, pour qu’on reprenne sa dépêche diffusée sur le web :
« Le Grand Prix de Bahreïn a été maintenu, mais la contestation populaire reste forte. En début de semaine, des manifestations ont eu lieu au nord de Manama, la capitale du pays, alors que le circuit se trouve au sud.
La majorité du personnel lié à la F1 doit arriver dans le pays ce mercredi et des manifestations sont prévues autour de l’aéroport. Des arrestations auraient eu lieu pour limiter les protestations de ce week-end.
« Les gens arrêtés sont des activistes dans les villages », a déclaré Mohammed al-Maskati, responsable d’une association de défense des droits humains à Bahreïn, selon Reuters. Les autorités ont peur des gens qui manifesteront à Manama et près de la zone de la course. »
Plusieurs médias britanniques ont fortement critiqué la décision de la FIA de maintenir la course. Dans un communiqué, l’ONG de défense des droits humains Amnesty International, affirme que Bahreïn n’a pas pris les mesures importantes pour assurer le respect des droits humains.
Reporters sans frontières a, de son côté, lancé une pétition en ligne pour s’opposer à l’organisation de la course. L’ONG de défense de la liberté de la presse indique que, selon la Bahreïn Press Association, « plus de 140 cas d’arrestations, tortures et licenciements de journalistes ont été recensés à Bahreïn depuis 2011. » Fin.
Ce à quoi on peut ajouter que les opposants du Bahreïn ont envoyé une lettre à l’ « Empereur » de la F1, le grand patron Bernie Ecclestone, dans laquelle ils dénoncent l’état de siège dans l’émirat, l’assassinat et la torture de manifestants pour la démocratie, l’emprisonnement de milliers d’opposants et la violation des droits humains les plus basiques. Pour Ecclestone, l’émirat « est suffisamment sécuritaire » et les douze équipes lui auraient assuré qu’elles étaient « heureuses de faire le déplacement ». « Il ne se passe rien (à Bahreïn), a déclaré Ecclestone, à Shanghai, lors du Grand Prix de Chine. Je connais les gens qui y vivent et c’est très calme et paisible ».
En réalité, les affrontements de ces derniers jours ont éclaté après les funérailles du militant Ismaël Ahmed tué à la fin du mois dernier par des tirs lors d’une manifestation. « Pas de F1, pas de F1. Ils ont tué mon fils de sang-froid ! », a appelé sa mère. Ces derniers jours, la police anti-émeute a utilisé des cartouches à plomb pour disperser la foule, faisant plusieurs blessés et procédé à de nouvelles arrestations de dirigeants du mouvement d’opposition.
L’année dernière, la course avait été annulée après des affrontements qui avaient fait 50 morts, au moins. Malgré les manifestations actuelles de plus en plus puissantes contre le Grand Prix, Bahreïn, soutenu par le Qatar et l’Arabie saoudite qui craignent des soulèvements populaires similaires, maintient son organisation. Amnesty International a appelé l’émirat à libérer sans attendre les prisonniers politiques, dont Abdel Hadi al-Khawaja, en grève de la faim depuis plus de deux mois et quatorze dirigeants de l’opposition. L’association souligne que « rien n’a changé dans ce pays depuis la brutale répression des protestations hostiles au gouvernement en février-mars 2011 ».