Il n’y a qu’un pays au monde où on pouvait imaginer que les activités du gouvernement et de l’administration puissent être totalement ou partiellement suspendues, et pour une période indéterminée. Cela ne pouvait se passer qu’aux Etats-Unis. Mais se rend-on bien compte à l’étranger de ce que signifie shutdown ?
Il n’y a qu’un pays au monde où on pouvait imaginer que les activités du gouvernement et de l’administration puissent être totalement ou partiellement suspendues, et pour une période indéterminée. Cela ne pouvait se passer qu’aux Etats-Unis. Mais se rend-on bien compte à l’étranger de ce que signifie shutdown ?
Le shutdown du gouvernement fédéral en vigueur depuis le 1er octobre dernier, a été provoqué par le désaccord avec les Républicains portant de la loi dite Obamacare, la loi phare de la politique d’Obama concernant la santé publique et l’accès au soin type Sécurité sociale, voté en 2010. Les Républicains, majoritaires au Congrès, exigent que l’application et le financement de cette loi soient reportés à septembre 2014.
En attendant de trouver une solution au conflit, et malgré le discours « main tendu » d’Obama aux Républicains, c’est une grande partie de l’activité administrative américaine qui est touchée. Les fonctionnaires fédéraux sont en chômage technique, les services de police, de justice et l’armée assurent un service minimum. Pour donner une idée de l’ampleur des conséquences, la crise s’étend jusqu’aux rives de l’Antarctique où les chercheurs américains ont été invités à regagner leurs foyers. Les programmes de recherche sur l’évolution du climat démarrés il y a plusieurs années et qui ne peuvent souffrir d’interruptions, sont partiellement pris en charge par des scientifiques néo-zélandais. Les vols depuis la ville néo-zélandaise de Christchurch sont suspendus, et, pour l’ensemble des chercheurs américains des trois bases et leurs collègues internationaux, « c’est un vrai gâchis ».
Outre les effets extrêmement négatifs du shutdown sur la vie quotidienne des Américains – imaginons ce qui se passerait dans nos pays si le secteur de la fonction publique et le gouvernement étaient complètement bloqués – les conséquences de la décision des Républicains pour s’opposer à l’application de l’Obamacare, sont également réelles en matière de politique internationale immédiate, comme l’annulation du voyage d’Obama en Asie, où il devait assister, à Bali, au sommet de l’APEC, le forum de coopération économique Asie-Pacifique. Un sommet particulièrement important pour la mise en place de la nouvelle stratégie américaine dans la région avec le TPP, le nouveau modèle de partenariat économique dont les Etats-Unis souhaitent que l’accord soit bouclé avant la fin 2013. Et même si les dommages à long terme ne sont pas réellement significatifs, c’est la crédibilité des Etats-Unis dans le monde, telle que vue par les Américains, qui est mise en question.
Lorsque Barack Obama accuse les Républicains de prendre la nation américaine en otage, il ne se trompe pas. Mais ce n’est pas la première fois que cela se passe et les Démocrates ont, eux aussi, dans le passé, utilisé cette procédure. Depuis 1960, dix-huit procédures de shutdown ont été déclenchées. Les administrations Ford et Carter en ont connu six qui ont affecté les ministères du Travail, la Santé et l’Education. La question au cœur du débat était l’avortement. Reagan en a connu huit qui n’ont duré en général que moins de 48 heures, George Bush père également. Plus longs et plus agressifs (de 5 à 21 jours), les shutdowns subis par l’administration Clinton portaient principalement sur le déficit budgétaire.
Quoi qu’il en soit et quelle que soit l’issue de cette crise, le gouvernement américain se retrouvera devant une situation encore plus grave si, le 17 octobre prochain, il n’est pas parvenu à faire voter, comme cela s’est déjà passé en 2011, le relèvement du plafond de la dette, sous peine de voir le pays en défaut de paiement virtuel. « Levons ces menaces et retournons au travail », a-t-il lancé lors de sa conférence de presse du 8 octobre, soulignant qu’une telle situation serait « dramatiquement pire » que le shutdown. Avec ces deux épées de Damoclès républicaines au-dessus de sa tête et qui ne demandent qu’à frapper, Barack Obama qui a présenté ses excuses à ses concitoyens, va encore devoir convaincre ses adversaires.