La Grande Bretagne d’abord, l’Algérie ensuite, puis les Américains ont démenti la rumeur faisant état de la présence de soldats mercenaires algériens sur le sol libyen.
Rien n’indique que l’Algérie facilite l’entrée de mercenaires en Libye, où un conflit interne se déroule depuis plusieurs mois, a affirmé jeudi 2 juin un responsable du ministère britannique des Affaires étrangères.
"Il n’y a aucune indication qui permette d’affirmer que le gouvernement algérien est en train de faciliter l’entrée de mercenaires en Libye", a déclaré à l’APS un des trois porte-parole du Foreign Office.
Cette réaction intervient ainsi au lendemain de celle du commandant du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), le Général de corps d’armée Carter F. Ham, qui avait fait observer, la veille à Alger, qu’il n’existait pas de mercenaires envoyés par l’Algérie en Libye, contrairement à des rumeurs ayant circulé ces derniers temps à ce sujet.
"Je n’ai rien vu d’officiel ou de rapport qui fasse état d’envoi par l’Algérie de mercenaires en Libye", avait précisé M. Ham, qui trouve que "c’est même tout à fait le contraire, dès lors que l’Algérie a toujours appuyé la sécurité régionale et la lutte anti-terrorisme pour prévenir et empêcher qu’il y ait des mercenaires ou bien un mouvement de personnes et d’armements dans la région". De son côté, le conseiller du Premier ministre britannique David Cameron à la Sécurité, le Général Major Robin Searby, avait déclaré jeudi à l’APS que son pays considérait l’Algérie comme un allié "clé" dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Maghreb, au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
De son côté, Abdelkader Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a déclaré, dans une conférence de presse, organisée à la résidence El Mithak à Alger, a commenté la visite en Algérie du général Carter F. Ham. « Il a été surtout question de l’évolution de la situation chez nous, plus précisément des réformes politiques, de la situation dans le Sahel et des répercussions de la crise libyenne dans la région », a-t-il déclaré. Réitérant l’approche de l’Algérie sur cette question, le ministre a déclaré que « la situation en Libye nous interpelle ». « L’Algérie a un statut particulier», dira Abdelkader Messahel qui rappelle, à l’occasion, « le principe sacro-saint qui fonde l’action diplomatique algérienne depuis l’indépendance : la non-ingérence dans les affaires des autres ». « Nous sommes pour un dialogue interne entre toutes les parties », a-t-il insisté.
L’Algérie a apporté, souligne-t-il, «son appui à la feuille de route de l’Union africaine, élaborée le 19 mars dernier, car, explique-t-il, elle constitue une proposition de sortie de crise viable qui donne la prééminence à la logique de paix, en préconisant l’arrêt des hostilités, un dialogue inclusif, la prise en charge des aspects humanitaires et la mise en place par les Libyens d’institutions conformes à leurs aspirations par la voie d’élections libres». Qu’en est-il des répercussions de ce conflit sur la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel ? Le ministre affirme que des « informations aujourd’hui établies font état de la récupération d’armes sophistiquées par les groupes terroristes affiliés à Al Qaîda au Maghreb ». « Ces armes sont arrivées dans le nord du Mali et au Niger, selon des rapports élaborés par ces deux pays », précise le conférencier qui n’a pas hésité à faire aussi le lien avec la recrudescence des actes terroristes en Algérie.
?« La Libye est un dépôt d’armes à ciel ouvert »
?S’agissant de la question de l’approvisionnement de la Libye en produits de première nécessité, Abdelkader Messahel indique que « le gouvernement algérien, qui a donné son accord pour satisfaire la requête libyenne pour la fourniture des denrées alimentaires de première nécessité (pâtes, riz, semoule, huile, lait pour enfants…) et les médicaments, a refusé de fournir des produits à double usage tels que le carburant ». Le ministre dit cependant qu’il ne verrait pas d’inconvénient si la demande émanait de Benghazi, c’est-à-dire du Conseil national de transition libyen (CNT). « A charge pour les opérateurs libyens, sans exclusive, d’entrer en contact avec leurs homologues algériens pour finaliser les contrats commerciaux qui s’adressent à l’ensemble du territoire libyen », soutient le ministre qui réaffirme le respect de la légalité internationale. « Il y a un embargo et l’Algérie l’applique», tranche le conférencier avant de préciser que «le comité des sanctions relevant du Conseil de sécurité a été informé de l’opération durant la première décade de mai dernier, et a été invité à désigner, à sa discrétion, un représentant du système des Nations unies, en poste à Alger, pour superviser l’opération, y compris au point de livraison des produits (poste douanier de Debdeb) ».
« L’Algérie présentera son rapport, au comité des sanctions, sur la mise en œuvre des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU le 26 juin», indique Abdelkader Messahel qui a démenti «les allégations» concernant l’envoi de mercenaires pour soutenir le régime de Kadhafi. « Nous sommes surpris par les allégations », dit-il avant d’assener : « Il y a des lobbies qui travaillent contre l’Algérie. »? « Ce sont de pures affabulations pour nuire à l’image de l’Algérie », poursuit-il avant de décliner encore une fois la position du pays par rapport à ce conflit : « Nous sommes pour une solution par un dialogue qui normalisera ce pays. » Sans donner plus de détails, il a indiqué que « l’Algérie a des passerelles avec toutes les parties ».?