Aucun rapport négatif, à propos des élections ou des résultats économiques, n’a réussi à entamer la bienveillance des bailleurs de fonds.
Dans la rubrique « de qui se moque-t-on ? », la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque Mondiale ont remporté la palme haut la main, le 17 juin dernier à Bruxelles, lors de la table-ronde des bailleurs sur la Centrafrique, réunie à la demande du président François Bozizé, qui est arrivé avec quinze ministres autour de lui. Il s’agissait de rechercher 9,8 milliards de dollars pour financer le Programme d’actions prioritaires du Document de stratégie de réduction de la la pauvreté 2 (2011-2015). Objectifs : consolider la paix, financer la relance de l’économie, l’intégration régionale et les services sociaux.
La BAD a annoncé le doublement de ses engagements à 180 millions de dollars tandis que la Banque mondiale a salué les « efforts considérables » accomplis en faveur de la paix et de la réconciliation, promettant d’accroître son portefeuille actuel (256 millions de dollars) de 2 0%. Soit moins de 5 % des attentes. Et ce, malgré l’appel lancé par le président de la Commission de l’Union Africaine, Jean Ping, à voler au secours de la Centrafrique, pays « en danger » (sic). Mais surtout, la BAD et la Banque ont fait comme si les rapports de l’Organisation internationale de la francophonie et des experts de l’UE, signalant des irrégularités lors des législatives et du premier tour de la présidentielle du 23 janvier, n’existaient pas. Cela dit, contrairement à la table-ronde de 2007 organisée dans les locaux de la Commission européenne, celle de 2011 s’est tenue au Palais d’Egmont, propriété du gouvernement belge, sous l’égide du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et non de l’UE. Du reste, les responsables de la Commission présents en tant qu’observateurs n’ont fait aucune annonce. Signe d’un certain malaise après avoir pris la décision, il est vrai désinvolte et insolite, de financer des élections qu’ils ne s’étaient pas préoccupés d’observer. Du côté de l’UE, on avait d’autant plus de raisons de se montrer peu enthousiastes que l’ambassadeur à Bangui et plusieurs membres de son staff ont été pris en otage pendant 24 heures début juin par des miliciens furieux de ne pas avoir bénéficié des ressources du programme de démobilisation et de réinsertion financé par Bruxelles, égarées dans les méandres de la comptabilité nationale centrafricaine…
De leur côté, des militants du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC) ont fait le déplacement depuis Paris pour exhorter les bailleurs de fonds à ne pas ouvrir les vannes des financements, arguant que le gouvernement Bozizé n’a rien fait avec les sommes décaissées depuis 2007. Vu l’écart entre les promesses et les sommes demandées, on peut dire qu’ils ont été partiellement entendus…