Toutes les conditions formulées par Jacob Zuma ayant été refusées, y compris la dernière concernant un délai de trois à six mois pour quitter la présidence, le NEC de l’ANC lui a signifié par lettre, ce 12 février, sa décision de le « rappeler ». Ce qui ne l’oblige pas pour autant à démissionner. Son statut ne change pas. Il reste président et peut parfaitement ignorer la décision de l’ANC.
En effet, en Afrique du Sud, le président de la République – en l’occurence, depuis 1994, le président de l’ANC – est élu au sein de son parti avant d’être élu par le Parlement. Jacob Zuma ne peut, donc, être démis de ses fonctions que par une démission volontaire, ou par une motion de défiance votée par les députés.
Après plus de 13 heures de discussion interne, alors que les Sud-Africains attendaient avec impatience la décision des dirigeants du parti au pouvoir, le NEC de l’ANC a, en réalité, accouché d’une souris. Le communiqué officiel informant du « résultat de la réunion spéciale du comité national exécutif » marathon, note qu’il a refusé le délai de six mois demandé par Jacob Zuma, « convaincu que la situation exige (de nous) d’agir rapidement afin de conduire (notre) pays vers une plus grande unité, un renouveau et l’espoir. »
Concernant une éventuelle motion de défiance au Parlement, le NEC se devait à la fois d’anticiper et de répondre à l’opposition. Le NEC de l’ANC et Cyril Ramaphosa se trouvent dans une situation à nouveau délicate. D’une part, l’opposition qui a déposé un texte de motion et a demandé à la présidente du Parlement de fixer une date de vote d’urgence, a menacé de s’en remettre à la justice pour obtenir une réponse qu’elle n’a pas encore obtenue. D’autre part, alors que la direction de l’ANC a cherché à éviter que Jacob Zuma soit démis de ses fonctions par un vote du Parlement, cherchant désespérément une « sortie digne », si la motion de l’opposition était mise au vote, les députés de l’ANC n’auraient pas d’autre choix que de déposer leur propre motion, ou de voter celle de l’opposition.
Sur ce point, selon sa déclaration officielle, le NEC de l’ANC ne fait aucune concession à l’opposition : « Certaines des questions auxquelles nous avons été confrontés concernent les manoeuvres opportunistes de l’opposition au Parlement, y compris les motions de défiance envers le Président, des appels à la dissolution du Parlement et autres actes désespérés. L’approche de l’ANC de ces questions a, de tout temps, été motivée par les intérêts du peuple sud-africain ». Interrogé au cours de la conférence de presse qui a suivi la réunion du NEC, Ace Magashule, le nouveau secrétaire général de l’ANC, homme de Jacob Zuma aux côtés de Cyril Ramaphosa, a déclaré qu’il était « peu probable qu’ils votent (les députés ANC) en faveur d’une motion de défiance déposée par l’opposition.
La direction de l’ANC ne donne, officiellement, aucune raison justifiant le rappel de Jacob Zuma. Interrogé par la presse, Ace Magashule a précisé que cette décision n’était pas motivée par le comportement répréhensible du président, mais parce que la constitution de l’ANC ne permettait pas l’existence de deux centres de pouvoir. « Nous devons traiter le président Zuma comme le président de l’Afrique du Sud, a-t-il précisé, il n’a pas été jugé coupable par un tribunal ».
La longueur de la réunion d’urgence du NEC de l’ANC et la tiédeur de sa décision témoignent des divisions qui règnent toujours au sein de la direction du parti même si, aujourd’hui, il semble certain que la grande majorité des dirigeants du parti sont d’accord pour que le président quitte le pouvoir. Quand et comment, on ne le sait toujours pas. Jacob Zuma doit répondre à la lettre qu’il a reçue l’informant de son « rappel », mais il semble qu’aucun délai ne lui ait été imposé.