Les jours de Jacob Zuma à la tête de la République sud-africaine sont, désormais, comptés. La dernière tentative de Jacob Zuma pour sauver sa présidence, a, sans aucun doute, été la fois de trop.
En décidant de faire appel à la décision des juges transférant au vice-président, Cyril Ramaphosa – nouveau président de l’ANC et futur président de la République sud-africaine en cas de victoire du parti au pouvoir aux élections générales de 2019 – le pouvoir de nommer le Procureur général de l’État, il a provoqué la colère des nouveaux membres du Comité exécutif national de l’ANC, y compris de ceux qui le soutenaient encore. Une manoeuvre qui a été vécue comme un « manque total de respect » par les élus qui ont demandé à Cyril Ramaphosa d’accélérer la procédure de destitution, soit le dépôt d’une nouvelle motion imposant au président de quitter ses fonctions.
À ce geste provocateur, viennent s’ajouter les manœuvres de dernière minute de Jacob Zuma et ses ministres visant à effectuer des changements à la direction des entreprises étatiques dirigées par des responsables susceptibles d’être visés par la Commission d’enquête sur la corruption et pour « solder à la va-vite » les postes vacants dont les nouveaux bénéficiaires se verraient attribuer des contrats de cinq ans, une initiative qualifiée de « tentative de corruption », également.
Cette nouvelle attaque contre Jacob Zuma qui, apparemment, n’a pas rencontré de résistance de la part de ses soutiens au sein du NEC, a été menée par David Masondo, un ex-dirigeant du parti communiste qui fut anti-Zuma avant l’heure et exclu, en 2011, de son parti alors soutien inconditionnel du président. Il a mis en débat une motion au cours de la réunion du NEC, le 26 janvier, soutenu par le vétéran Bheki Cele, vice-ministre de l’Agriculture. Un comité spécial aurait, déjà, été mis en place pour faciliter une « transition rapide », estimant que Jacob Zuma doit avoir quitté la présidence avant le lancement de la campagne électorale.
La position du nouveau NEC qui tranche radicalement avec le soutien qu’il avait toujours apporté à Jacob Zuma contre ceux qui exigeaient sa destitution, a obtenu un tel consensus qu’il n’a pas fait l’objet d’un vote. Le NEC a chargé le « Top6 » d’organiser une « sortie digne » du président qui pourrait survenir très rapidement. C’est ce qu’attendent, également, les « capitaines d’industrie », et Cyril Ramaphosa qui en était un, lui-même, avant de retourner en politique, et qui les connaît bien, le sait. Il est, actuellement, présent au sommet de DAVOS, pour essayer de convaincre de l’intérêt nouveau d’investir en Afrique du Sud.
Un remaniement ministériel est, également, attendu, après le retour de Cyril Ramaphosa de Davos, et celui de Jacob Zuma qui doit assister à la 30ème Assemblée générale de l’Union africaine, les 28 et 29 janvier, à Addis-Abeba.
On peut considérer que Cyril Ramaphosa qui efffectue depuis deux semaines un marathon de réunions avec Jacob Zuma et ses ministres, assume d’ores et déjà, les fonctions de chef de l’État dans la gestion des questions nationales urgentes, comme celle de la crise d’Eskom, la compagnie nationale d’électricité entachée de corruption. Le président du conseil d’administration et le conseil d’administration ont été complétement renouvelés. La décision a été prise après une rencontre réunissant Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa, la ministre des entreprises publiques, Lynne Brown et le ministre des Finances Malusi Gigaba. Le gouvernement a, également, ordonné qu’un certain nombre de responsables touchés par les scandales de corruption soient licenciés définitivement et immédiatement. L’ancienne direction avait plongé l’entreprise « vitale pour l’économie sud-africaine » dans une crise financière telle que le Trésor public avait déclaré ne plus pouvoir la renflouer, tandis que les banques nationales lui refusaient tout soutien.
Cyril Ramaphosa s’est, également, attaqué à la lourde question du « nettoyage » de la police et du renseignement criminel après une rencontre avec le ministre de la Justice Michael Masutha, et le ministre de la police Fikile Mbalula. Ce dernier qui fut un soutien inconditionnel de Jacob Zuma et de Nkosazana Dlamini-Zuma, félicite, aujourd’hui, le nouveau président de l’ANC pour son engagement dans la lutte contre la corruption. Richard Mdluli, chef de la police criminelle, accusé d’avoir bénéficié de 8 millions de rands depuis sa suspension en 2011, a été définitivement licencié. De même concernant Berning Ntlemeza, le directeur des Hawks, unité spéciale de la police chargée de combattre la corruption et le crime organisé, accusé d’avoir entravé les enquêtes impliquant des personnalités politiques, y compris Jacob Zuma.
Quant à l’ANC et la corruption au sein de l’organisation, la machine est, également, en marche, comme l’avait annoncé, le 8 janvier, Cyril Ramaphosa qui a assuré que le Comité d’intégrité de l’organisation doit terminer son enquête en juin prochain. Parmi les personnalités visées, le ministre des Ressources minérales, Mosebenzi Zwane et Ace Magashule, allié de Jacob Zuma, élu au poste de secrétaire général de l’ANC en décembre dernier, seraient en première ligne.
Enfin, nouvelle épée de Damoclès qui frôle la tête de Jacob Zuma, le front Gupta se divise. Face aux procédures en cours, réactivées depuis l’élection de Cyril Ramaphosa à la tête de l’ANC et au nouveau rapport de force à la direction du pays, les rats quittent le bateau. Premier en date et non des moindres, le lieutenant des Gupta, Salim Essa, qui était le pivot de l’organisation familiale dans les opérations de capture d’État, négocierait un accord sur une réduction de peine contre une déclaration sous, avec Ntuthuzela Vanara, le juge de la mise en état.