La Commission ne pourra faire la lumière sur les atrocités commises au milieu des années 1980…
Une des réformes sur lesquelles le camp Mugabe et ses opposants, menés par le premier ministre Morgan Tsvangirai, se sont mis d’accord en 2008, pour sortir le pays d’une crise politique qui a failli tourner à la guerre civile, est en train d’être vidée de son contenu. La nouvelle Commission des droits de l’homme, qui vient d’être formalisée, n’est autorisée à se pencher que sur les événements postérieurs au 13 février 2009, ce qui exclut les plus graves exactions reprochées au régime du président Robert Mugabe. La Commission censée enquêter « sur tout acte ou négligence commis par toute autorité ou personne constituant ou pouvant constituer une violation des droits de l’homme », ne pourra donc faire la lumière sur les atrocités commises au milieu des années 1980 pour réprimer la rébellion des Ndebele dans le sud du pays, qui avait majoritairement adhéré au mouvement de libération Zapu, dirigé Joshua Nkomo. Initiée par les anciens guérilleros Ndebele de la Zapu, la rébellion avait d’abord exigé que le statut d’anciens combattants et les privilèges attenants, leur soient reconnus, à l’instar de ceux accordés à ceux qui s’étaient battus avec la Zanu de Robert Mugabe, constitué en majorité de l’ethnie Shona.
L’association des avocats zimbabwéens pour la défense des droits de l’homme a souligné l’importance de mener une enquête sur les conditions dans lesquelles avait été menée l’opération Murambatsvina en 2005, dont les victimes attendent toujours des réparations.
Signifiant littéralement « se débarrasser des ordures » en langue shona, cette opération menée par le gouvernement pour débarrasser la capitale et les grandes villes du pays de leurs taudis avait privé de logement et/ou d’emploi plus de 700 000 personnes, selon les estimations de l’Onu, notamment dans des quartiers abritant de nombreux opposants au régime. D’autres cas s’étant déroulés plus récemment, comme des actes de torture contre des militants de l’opposition en 2007 ou les mauvais traitements subis par les petits prospecteurs de diamants dans les mines de Marange en 2008, figuraient parmi les cas que les avocats espéraient élucider grâce à la création de cette Commission.