Les organisations non gouvernementales qui interviennent en Zambie dans la lutte contre le sida, se sont vu refuser l’introduction de préservatifs dans les prisons. « À quoi vont-ils servir ? » a demandé Ngosa Simbyakula, ministre des Affaires domestiques.
Pour les autorités zambiennes, une telle initiative ne pourrait que favoriser « l’homosexualité et la sodomie ». Le gouvernement est soutenu par les églises qui ont surenchéri en accusant cette proposition d’être « immorale et contre les valeurs du Christ ». Pourtant, en novembre 2013, à la tribune de la Convention nationale sur la prévention du VIH, Joshua Banda, président du Conseil national pour le Sida déclarait que l’objectif du gouvernement était d’atteindre un « succès » total, comme dans le cas de la transmission de la mère à l’enfant qui actuellement, selon lui, atteint un taux de réussite de 95%, ou de la baisse significative du nombre de décès. Il faut « améliorer les comportements, réduire les stigmates, intégrer les dépistages et les traitements du VIH dans les soins généraux de santé et augmenter l’accès aux mécanismes de prévention », avait également déclaré Joshua Banda.
En 2010, un rapport faisait l’état des lieux des prisons zambiennes. Surpopulation, malnutrition, soins médicaux inexistants, viol et torture, dénonçaient trois associations, Prisons Care and Counselling Association (PRISCCA) AIDS and Rights Alliance for Southern Africa (ARASA ) et Human Rights Watch. Le rapport faisait mention de l’échec des autorités carcérales zambiennes, notamment en ce qui concerne la transmission du VIH et de la tuberculose. « Les enfants, les femmes enceintes, les détenus en préventive (qui peut durer des années) et les criminels sont condamnés à des traitements brutaux et sérieusement exposés au risque de tuberculose résistante et d’infection par le HIV », peut-on lire dans le rapport qui souligne que ces différentes populations carcérales sont détenues en général dans un même espace, « si étroit que dans certaines prisons, ils sont obligés de dormir assis ou à tour de rôle. La nourriture donnée par les autorités est tellement immangeable que les denrées apportées de l’extérieur sont devenues une monnaie d’échange pour le sexe. »
Déjà, en 2010, ces associations appelaient le gouvernement zambien et ses partenaires à intervenir immédiatement pour améliorer les conditions carcérales, notamment en matière de soins, et le système pénal afin de « respecter les droits des prisonniers et de protéger la santé publique ». Le taux de prévalence du VIH dans les prisons est de 27%, dit encore le rapport. Si les tests et les traitements ont été améliorés dans certaines unités, ce n’est pas le cas dans les petites, rurales notamment. « Une interdiction des préservatifs rend impossible toute prévention », soulignaient les associations. Le Service zambien des prisons (Zambien Prisons Service) emploie quatorze personnels médicaux pour 15300 prisonniers et seulement 15 des 86 prisons disposent d’une infirmerie ou d’une unité médicale. « Prendre en charge la santé des prisonniers est crucial pour prendre en charge efficacement la santé de la communauté en général, car les prisonniers et le personnel reviennent dans leurs villes ou leurs villages. Priver de justice et de santé les prisonniers nous pénalise tous », déclarait Godfrey Malembeka, un ancien détenu aujourd’hui militant des droits des prisonniers et président de PRISCCA.