Yves Bonnet, ancien patron de la Direction de surveillance du territoire (DST, services secrets français) explique au Temps d’Algérie pourquoi l’Algérie enregistre de plus en plus d’affaires liées à l’espionnage. Selon lui, le pays est ciblé par des puissances étrangères parce qu’il a émis des réserves quant au caractère « spontané » du « printemps arabe » et conséquences de changements radicaux de gouvernants et de politiques.
Yves Bonnet, ancien patron de la Direction de surveillance du territoire (DST, services secrets français) explique au Temps d’Algérie pourquoi l’Algérie enregistre de plus en plus d’affaires liées à l’espionnage. Selon lui, le pays est ciblé par des puissances étrangères parce qu’il a émis des réserves quant au caractère « spontané » du « printemps arabe » et conséquences de changements radicaux de gouvernants et de politiques.
« L’espionnage est consubstantiel à la vie des États et, surtout à leurs relations », explique d’emblée l’ancien patron de la DST. « Sous des formes et des appellations diverses, il vise, en particulier, à percer les dessous et les secrets d’une politique et, le cas échéant, à l’infléchir, voire à la contrer », ajoute-t-il.
« Dans le mal nommé « printemps arabe », l’Algérie a pris du recul et manifesté de grandes réserves quant aux conséquences prévisibles de changements radicaux de gouvernants et de politiques », note Yves Bonnet. Ce qui ne semble pas être du goût de certains pays occidentaux et du Golfe, parmi les plus fervents partisans du « printemps arabe », d’après notre interlocuteur.
« La suite des événements a montré qu’elle avait raison mais elle s’est, du même coup, démarquée des puissances occidentales et de leurs alliés, les pétromonarchies, authentiques dictatures rivalisant de brutalité et d’irrespect des droits de l’homme avec les régimes déchus, mais absous de tous leurs pêchés par la grâce du pétrole », ajoute Yves Bonnet. « L’Algérie, dans ce beau concert de louanges entonné en l’honneur de l’Otan et du Qatar, apparaît comme l’empêcheur de tourner en rond, le gêneur, celui qui fait remarquer à la foule hystérique que le roi est nu », selon l’ancien patron de la DST.
L’Algérie est donc ciblée par une concentration d’efforts en matière d’espionnage parce que refusant de cautionner le « printemps arabe » et ce qui pourrait se cacher derrière. Pour Yves Bonnet, cela ne fait aucun doute. « Il est donc inéluctable qu’elle fasse l’objet de toutes les attentions de la part des services de renseignement des pays auxquels l’oppose une autre vision de l’avenir de la Méditerranée », nous dira-t-il.
« Je présume donc que les incidents et mises en cause auxquels vous vous référez (affaires liées à l’espionnage portées récemment devant la justice algérienne) correspondent bien à des « initiatives » étrangères, et j’ai le sentiment que, dans cette chasse à l’espion, l’Algérie restera seule pour de longues années, ce qui n’est “techniquement” pas plus mal », conclut l’ancien patron de la DST.
Source : Le Temps d’Algérie