Un rapport de l’Unicef publié le 18 août confirme l’état des lieux accablant de la situation au Yémen, après deux ans d’une guerre féroce menée par l’Arabie saoudite et ses alliés, et dont les enfants sont les premières victimes.
Plus de 500 000 d’entre eux souffrent de malnutrition sévère, due à la famine dans certaines régions et à l’insécurité alimentaire de manière générale. Soit une augmentation de 200 % par rapport à 2014. Les bombardements ont particulièrement touché les ports d’Hodeïda et d’Aden qui font également l’objet d’un blocus, empêchant l’arrivée de l’aide humanitaire en nourriture et médicaments. La malnutrition touche également des centaines de milliers de femmes enceintes ou allaitantes.
Environ 80 % des familles sont endettées et la moitié de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Le système de santé est au bord de la faillite, privant près de 15 millions de personnes, dont 7 millions d’enfants, d’accès aux soins. L’épidémie de choléra et de diarrhée continue de s’étendre. Elle a explosé en octobre 2016 faute d’eau potable, conséquence des bombardements saoudiens grâce aux armements et avions de combat livrés dans la France de Hollande.
Dix-neuf des 23 gouvernorats sont touchés, particulièrement les régions contrôlées par les rebelles houthistes, qui sont aussi soumises au blocus saoudien. Quelque 1 600 écoles ont été détruites ou endommagées, 2 millions d’enfants ne sont plus scolarisés. Le programme de financement d’aide sociale a été suspendu, laissant environ 8 millions de personnes sans ressource pour se nourrir, se soigner et accéder aux services de base. « À travers le Yémen, peut-on lire dans le rapport de l’Unicef, les familles ont de plus en plus recours à des méthodes négatives pour survivre. De plus en plus d’enfants sont recrutés pour combattre, soit, dans les deux dernières années, 1 572 garçons. Les deux tiers des filles sont mariés avant l’âge de 18 ans. »
En 2015, Bettina Luescher, du Programme alimentaire mondial, alertait sur l’imminence de la famine et dénonçait le silence international et la complicité des puissances occidentales : « Il est de notoriété publique que des pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France participent à l’effort de guerre saoudien, en fournissant armes, informations ou surveillance navale », déclarait-elle, ajoutant : « Seulement un cinquième des besoins humanitaires, qui se montent à 1,4 milliard d’euros pour cette année, ont pu être trouvés. » Deux ans plus tard, silence et complicité continuent de tuer.