Que se sont dits les deux présidents ?
Ils ont passé 48 heures ensemble, à Rancho Mirage en Californie, propriété d’un grand patron d’édition, début juin. Une rencontre « formidable ! » selon les déclarations d’Obama, sous 45° à l’ombre. Certes, il s’agit là d’une rencontre importante dans l’histoire des relations entre les deux puissances longtemps ennemies, mais une rencontre qui ressemble plus à une prise de contact qu’à une conférence au sommet. Des intentions aussi nobles que théoriques ont été exprimées des deux côtés dans une ambiance cordiale et décontractée « à l’américaine ».
Les présidents des deux grandes puissances ont exprimé leur volonté de « travailler ensemble » pour limiter la production de gaz à effets de serre. On ne peut être plus vague, cependant. Certes, s’ils passaient à l’acte, ces deux pays responsables au premier rang mondial des dérèglements climatiques, pourraient faire avancer les choses et permettre de sortir de l’impasse actuelle. Les États-Unis refusent toujours de signer le traité de Kyoto et continuent d’œuvrer contre son renouvellement sous sa forme contraignante. La Chine, au premier rang des pollueurs de la planète, refuse de se plier aux contraintes sous prétexte que son industrialisation est plus récente que celle des pays développés, née au 19ème siècle, et donc qu’elle ne participe pas au même niveau au réchauffement climatique. On ne peut donc raisonnablement rien attendre, dans l’immédiat, de ces déclarations de principe.
Dans cette atmosphère de bonne humeur affichée, les deux présidents ont, cependant, tenu à marquer leur territoire. Obama a abordé les questions de cybersécurité – alors que la Chine est accusée, aux États-Unis, de vol de données numériques privées et officielles – de la Corée du Nord – alliée de Pékin – et des droits de l’homme. Xi Jinping, a quant à lui, demandé qu’il soit mis un terme aux ventes d’armes américaines à Taiwan. Il est allé plus loin en proposant d’ « améliorer et renforcer les relations militaires entre les deux pays et de promouvoir la construction d’un nouveau modèle de relations militaires ». Les nouveaux appétits américains dans la région Asie-Pacifique ne sont sans doute pas étrangers à cette intention.
Les deux présidents se reverront d’ici 2017. Ils ont décidé de mettre en place « un nouveau modèle de relations entre les deux grands pays…importantes non seulement pour la prospérité de nos deux pays, mais aussi pour la région Asie Pacifique et donc pour le monde ». Ils se sont mis d’accord pour renforcer la coopération bilatérale dans des domaines comme l’économie, le commerce, l’environnement, les échanges humains et culturels, conformément à leurs « intérêts communs ». Sans doute Les intentions sont-elles là, mais le chemin risque d’être long, pour le moins !