La tribune du Pr Edmond Jouve dans le numéro de septembre 2017 d’Afrique Asie.
Le professeur Walid Arbid est certainement mon ami le plus ancien du Liban. Un ami de trente ans, puisque nous nous sommes rencontrés une première fois en 1983, au sein de l’université Panthéon-Assas où j’enseignais alors.
Quelque dix ans plus tard, en 1992, a commencé une longue collaboration qui se poursuit encore. Elle va faire de lui l’un des piliers des colloques francophones du canton de Payrac et du pays de Quercy. Lorsque nous décidons de consacrer notre 7e Rencontre au Liban (qui se tiendra en 1996 à Gourdon, Calès, Souillac et Martel), c’est naturellement à lui que je fais appel pour m’aider à organiser ce symposium que le président Charles Hélou honorera de sa présence.
Quand viendra le temps de la publication des Actes, il codirigera tout naturellement l’ouvrage aux côtés de Simone Dreyfus et de moi-même. Il apportera aussi le concours de l’Association des universitaires libanais diplômés des universités françaises (Auluf) et de la Mission laïque française avec laquelle il nous avait permis d’entrer utilement en contact.
Suite à ce colloque, le président Charles Hélou publiera un article remarqué dans le quotidien de Beyrouth L’Orient-Le Jour, sous le titre « Le Liban en Dordogne » qui commence par ces mots : « Je reviens d’un merveilleux voyage le long de la Dordogne et de ses cantons. » Dans ce texte, l’ancien président de la République du Liban remercie M. Walid Arbid, « dont les mérites étaient multipliés par la gentillesse de sa femme et de sa fille de 5 ans ». À vrai dire, mon ami avait fait ses classes en 1994 (colloque de Nadaillac-de-Rouge sur « Les écrivains du Québec ») et 1995 (Loupiac, colloque sur Gaston Monnerville).
Parallèlement, il fut mon étudiant zélé, en 1995, au sein du DEA de droit de l’économie internationale et du développement organisé par l’université Paris Descartes, Sorbonne, Paris Cité. Ce DEA complétait des études menées en sciences historiques et politiques, conclues par un doctorat portant cet intitulé auprès de l’université de Rennes II.
Tous ces parchemins auxquels il faut ajouter le diplôme du Centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris (CEDS) ont conduit Walid Arbid sur plusieurs terrains : celui d’avocat à la cour de Beyrouth, celui de conseiller (de France Télécoms au Liban et du ministère des Déplacés), et celui du journalisme. Ses articles dans les quotidiens libanais et français et ses interventions télévisées ne se comptent plus.
Cependant, son activité essentielle fut et est encore celle de professeur : au CEDS et à l’université Paris Descartes, à Paris, à l’École de l’état-major de l’armée libanaise, à la faculté d’information de l’Université libanaise et à l’Institut de science politique de l’université Saint-Joseph (USJ).
Bien entendu, de nombreuses publications jalonnent ce parcours, qu’il s’agisse d’articles, d’entretiens, de rapports ou d’ouvrages (en langues arabe ou française). Les centres d’intérêt principaux sont la communication, la formation, l’eau (dont il a fait profiter mes étudiants de la faculté de droit de l’université Paris Descartes), la mondialisation et la Turquie.
Une carrière aussi bien remplie ne pouvait pas ne pas être récompensée par des distinctions et des décorations. Elles sont nombreuses. Elles vont d’officier dans l’ordre national du Cèdre du Liban jusqu’au grade de chevalier dans l’ordre national du Mérite, en passant par les Palmes académiques et par l’ordre de la Pléiade et de la Francophonie. À cela s’ajoutent pas moins de dix médailles, dont certaines ont été attribuées lors de nos colloques francophones.
Face à l’instabilité actuelle de la région, le professeur Walid Arbid nous présente cet ouvrage original : Un regard sur le Moyen-Orient : relations internationales et géopolitiques (Éd. Al-Maha, Beyrouth). Il s’agit, pour l’essentiel, de très utiles études de cas portant sur les enjeux géostratégiques et géopolitiques au Moyen-Orient, sur le rôle de l’Union européenne et de l’Onu dans cette zone, qui permettent de mettre en lumière les thématiques qui touchent la région aujourd’hui.
Cet ouvrage reflète les enjeux contemporains. Il met en lumière de nouvelles théories en matière de relations internationales liées à la résolution des conflits de la région. Son intérêt premier vient du regard porté par un Franco-Libanais sur les problèmes cruciaux qu’il aborde. En ces temps troublés où la France éternelle paraît incertaine sur les chemins qu’elle doit emprunter, en particulier dans le monde arabe, la lecture de ce livre parfaitement argumenté est plutôt rassurante. C’est pourquoi je le recommande vivement.