Le contraste est criant entre un Barak Obama qui quitte la Maison-Blanche en laissant à son successeur plusieurs crises explosives qu’il n’a pas pu ou voulu résoudre (Irak, Syrie, Afghanistan, Yémen, Palestine, Ukraine…) et un Vladimir Poutine qui apparaît, malgré les critiques occidentales acerbes dont il fait l’objet ces temps-ci, comme un audacieux faiseur de paix. Dans une conférence de presse, le président américain sortant avoue son échec : « Je ne peux pas affirmer qu’on a réussi en Syrie, et c’est une chose – qui est également vraie avec d’autres problèmes de par le monde – avec laquelle je dois aller me coucher chaque soir. Mais je continue à croire que c’était la bonne approche, étant donné ce qu’on pouvait faire de manière réaliste. » Passant ce qui lui reste de temps à attaquer son successeur, notamment sur ses « liaisons dangereuses » avec la Russie, Obama, soutenu par les directeurs du FBI et de la CIA, accuse même Poutine d’avoir favorisé l’élection de Trump.
Pendant ce temps-là le maître du Kremlin est reçu en grande pompe au Japon, le plus proche allié de Washington. Depuis ce pays, après avoir aidé l’armée syrienne à libérer et à réunifier la ville martyre d’Alep, il s’est dit prêt à un « cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien ». En attendant l’investiture de Trump, Poutine négocie désormais, non pas avec Washington, incapable d’imposer quoi que ce soit aux groupes armés rebelles, mais avec la Turquie et l’Iran qui, eux, savent respecter leurs engagements. Le retrait des derniers hommes armés d’Alep-Est, en effet, n’aurait pas pu se faire sans la Turquie.
Cerise sur le gâteau : Poutine n’a pu s’interdire de narguer Washington depuis le Japon en appelant à un accord de paix historique sur les Kouriles – quatre îles proches de l’archipel sous souveraineté russe, mais que Tokyo revendique – et à une relance de la coopération économique bilatérale. Jamais les États-Unis n’ont été aussi hors jeu dans des conflits majeurs.