Un article à propos du JNF (Jewish National Fund), qui se présente aussi sous son nom hébreu, KKL en France, et se déguise dans tous les cas en organisme menant des activités « écologiques » en Israël.
En Palestine, violée depuis 66 ans, le JFN (Jewish National Fund), qui se nommait jadis plus justement le Jewish Colonial Trust, a jeté son insatiable dévolu sur les terres ancestrales de la Palestine.
L’expansion coloniale est un crime de guerre de par l’article 8.2 (b) (viii) du Statut de Rome.
Dès son début en 1901, la mission du JFN a été le vol des terres palestiniennes au profit des juifs et l’agrandissement d’Israel (Eretz), raciste, colonialiste, criminel et sanguinaire.
Max Blumenthal écrit : « Le directeur du JFN, Yosef Weitz, a été fondamental dans la conception du Plan Dalet dont le but était de »nettoyer« au moins 400 villages palestiniens et en chasser les habitants, en 1947 – 1948. Après la guerre de 48, Weitz a fait planter des centaines de milliers d’arbres non- natifs à l’ouest de Jérusalem pour cacher les vingtaines de villages qui avaient été »nettoyés » par les milices sionistes .
À l’heure actuelle, pour cacher ses activités criminelles, le JFN s’est ré-inventé comme étant « le gardien de la terre d’Israel pour le bénéfice de ses propriétaires, les juifs, partout. »Pour promouvoir cette image bienveillante qui effacerait la « purification ethnique », le JFN offre des tours guidés et missions en Israël qui seraient : « une expérience intensément émotionnelle, éducative, et spirituelle » = le langage Orwellien du blanchissement des crimes de guerre .
Partons ensemble, par exemple, avec l’Esprit d’Israel -mission printanière , avec quelques changements d’itinéraire, sans la hasbara (la propagande) et les distorsions à la Disney, de la réalité qu’est, en effet, le règne de terreur en Palestine.
Bienvenue en Israël
Les voyageurs arrivant dans l’Etat démocratique d’Israël par l’aéroport Ben Gurion, nommé d’après le terroriste de la Nakba, doivent se préparer à une expérience « spirituelle » : quelques heures d’humiliation par les membres agressifs de la sécurité qui incluent profilage ethnique, interrogation intense et rude, inspection des bagages, fouilles à nu, accès aux portables, mail, Facebook. Les voyageurs non admis sont envoyés dans un centre de détention en attendant d’être déportés.
Si vous passez entre les mailles du filet, rencontrez votre chauffeur et procédez vers Jérusalem, capitale de la « purification ethnique” où vous pourrez voir des familles palestiniennes désespérées à Silwan, leurs maisons confisquées et démolies pour l’expansion des colonies et de sites ’touristiques’, ou bien rendre visite aux colons de Sheik Jarrah, qui y résident sous la protection totale de l’armée d’occupation israélienne (IOF), dans les maisons de ces Palestiniens en détresse et sans logis.
Le soir, King David Hotel. Le site même où le secrétariat du mandat britannique a été bombardé en 1946, par les terroristes d’IRGUN, menés par Begin (futur premier ministre israélien ), qui avait fait 91 morts et 46 blessés. Cet hôtel, maintenant sous l’égide des Dan Hôtels a acheté IBIT, la compagnie qui approvisionne les forces de cette occupation brutale. Michael Federman est le président des hôtels Dan, d’ELBIT -le plus gros fabriquant d’armes privé, et de l’Université Hébraïque.
Premier Jour
Après le petit déjeuner, partez faire un tour de la vieille ville. Commencez par le Mur de l’Ouest et la Place, qui, avant la guerre de 1967 était le centre actif du quartier marocain, vieux de 800 ans, où 1000 résidents furent chassés de leurs maisons et la mosquée médiévale Sheikh Eid démolie par l’armée avec l’approbation du maire Teddy Kollek, maître en « judaisation. »
Après cela, une randonnée par les Tunnels du Mur ouest, où vous pourrez voir un modèle du Troisième Temple qui sera bâti sur l’un des 3 sites saints de l’Islam, Haram al Sharif, comme le montre le film de propagande dans lequel figure Danny Ayalon, le vice-ministre des affaires étrangères. Les milliards de dollars requis pour bâtir le Troisième Temple sont déjà là, et seraient prêts à détruire le Dôme du Rocher et la mosquée d’Al Aqsa, qui sont déjà menacés par les excavations et les attaques des colons.
Puis, une balade brève vers Silwan, à l’est de Jérusalem pour voir le soi-disant Parc Archéologique, ce qui veut dire, le Parc de la Cité de David. Ce parc archéologique, nommé d’après le mythe biblique du roi David, est un témoignage du génocide culturel et historique de la Palestine. Il n’ y a aucune évidence archéologique encore découverte de l’existence des rois David et Salomon, notamment à Jérusalem, et ce malgré la propagande offerte aux touristes jobards, et malgré la destruction des maisons palestiniennes.
Pas loin de la vieille ville on propose le Musée de la Tolérance. Sans ironie aucune, il est en construction sur un ancien cimetière musulman où les tombes ravagées ont été désacralisées. Les morts eux-mêmes sont ethniquement « purifiés » pour la gloire d’Israel. Passez la nuit au King David Hotel.
Deuxième Jour
Après avoir quitté l’hôtel, dirigez-vous vers le sud à Arava par les routes utilisées par les israéliens uniquement, évitant ainsi d’assister à l’humiliation que subissent les Palestiniens aux multiples « Check points » sécurisés par l’armée.
Arava nous rappelle une autre page de l’histoire glorieuse d’Israel : la déportation, en 1950, de 5000 Palestiniens terrifiés, femmes enceintes, enfants, bébés, vieillards et infirmes, tous chassés de leurs maisons, plus tard pillées à Nazareth. Transférés par camions dans des camps de concentration aux fils barbelés, forcés à une marche dans le désert du Negev, sous la direction de Moshe Dayan, qui battait et torturait les prisonniers. Heil Dayan !
Dans l’après-midi, allez voir le Centre de Recherche et Développement où des experts et fermiers travaillent ensemble pour trouver des solutions aux difficultés de l’agriculture du désert. Toutefois, essayez de ne pas trop penser à la destruction systématique et continue de l’ agriculture palestinienne, à la confiscation de leurs terrains pour l’expansion coloniale, aux refus qu’ils essuient d’ accéder à leurs terrains pendant les périodes de moisson, à l’impossibilité de vendre leurs produits, au déracinement de millions d’oliviers , aux vols d’eau, aux attaques violentes des colons, et à la séparation de leurs fermes par l’annexation illégale du Mur, tout ceci contribuant à la misère des Palestiniens. Le soir, l’hôtel Beresheet.
Troisième Jour
Après le petit déjeuner, prenez la direction de Béer Sheba, capitale du Naqab (Negev) -centre de l’activité criminelle du JFN. Le professeur Salman Abu Sitta, dans son livre intitulé ’The Denied Inheritance : Palestinian Land Ownership in Beer Sheba ’, affirme que les titres de propriétés palestiniens étaient reconnus par le Code Civil . « .. au grand jamais, ni avant la promulgation du Code Ottoman de 1858, ni après, les turcs ne mirent en question la légalité des terres appartenant aux Palestiniens de Béer Sheba. Ils en présentèrent une preuve au gouvernement anglo-égyptien, démontrant que les tribus urbaines de Béer Sheba payaient des taxes au Qaimmaqam, ce qui prouvait que ces terres appartenaient aux habitants de la Palestine et non à l’Egypte.
De surcroît , pendant le mandat anglais, le gouvernement britannique a, lui aussi, reconnu la validité palestinienne, minée par les sionistes qui modifièrent les lois immobilières en faveur des Juifs .
Alors qu’en 1945, les Juifs ne possédaient que 0.5% de Béer Sheba, et cela jusqu’à leur occupation du 21 octobre 1948, lorsque les forces supérieures juives dispersèrent la grande majorité de la population indigène de Gaza, de Hebron, du Jourdan et du Sinaï.
Selon Abu Sitta : « La première confiscation eut lieu à la fin de 1948 quand Ben Gurion envisageait que la communauté internationale forcerait son gouvernement, non encore reconnu, à permettre aux réfugies de revenir chez eux selon la fameuse résolution 194 de l’ONU. Donc, il procéda à une ’vente’ fictive et illégale des terres saisies au JFN, une corporation multinationale sioniste. Cette soi-disant vente comprenait des terres stratégiquement placées sur la Ligne de l’Armistice ce qui empêchait le retour des réfugiés.
En 2013, le JFN se réjouit fort quand la Knesset passa le Plan Prawer raciste, permettant la ’purification ethnique’ de 40.000 Bédouins issus du Negev, s’harmonisant ainsi au projet du JFN, le Blueprint Negev pour le quartier entier de Béer Sheba.
Aujourd’hui, Béer Sheba est affiché comme étant un exemple parfait du JFN, la plus grande « ONG verte ». Sur les villages et terrains palestiniens illégalement détruits, ils ont planté des forêts qui sont à vrai dire une astuce politique, récompensant les gouvernements qui donnent leurs soutien aux viols de la loi internationale. Pour l’Australie complaisante à elle toute seule, on compte : la forêt Jeff Kennett, la forêt Bob Carr , La forêt Arthur Caldwell, La forêt Australia-Israël Friendship, la forêt Sir Zelman & Lady Cowen, la forêt Bob Hawke, la forêt à la mémoire de Harold Holt, la forêt de Sir Robert & Dame Pattie Menzies, celle de Dr HV Evatt, celle de Thomas Blamey, la forêt John Howard, la forêt John Monash, celle de l’Amitié d’Australie du Sud et D’Israel, et toutes les autres forêts de nations serviles. Astuce magique, étant donné qu’Israel comprend plus de forêts que l’Australie, dont la superficie est 40 fois plus grande.Continuez vers Tel-Aviv . Passez la nuit à l’ hôtel Dan Tél-Aviv.
Quatrième Jour
Petite promenade sur la plage de Tél-Aviv située le long de la Méditerranée scintillante ou bien relaxez-vous à la piscine de l’hôtel en oubliant que la vaste majorité des Palestiniens n’ont jamais eu la permission d’Israel de mettre pied sur leurs plages ancestrales ou bien qu’à Gaza, un pique-nique innocent en famille peut, d’un instant à l’autre se transformer en un massacre affreux, comme celui qui eut lieu en 2006, quand un navire de guerre bombarda et massacra 7 membres de la famille Ghaliya, comprenant 4 enfants : Ilham 15ans, Sabrin 7ans, Hanadi 2 ans, Haytham 8 mois, et blessé 30 autres citoyens .
Dans l’après-midi, petite balade à la Mer Morte à travers la vallée du Jourdain palestinien, déjà marqué pour une annexion prochaine illégale par un statut passé par la Knesset.
L’infrastructure pour les 37 colonies illégales de la vallée du Jourdain est offerte généreusement par le JFN. Les produits des colonies tels que Ahava et Seacret, produits de beauté de la Mer Morte sont des cibles BDS, puisqu’ils monopolisent et exploitent les ressources précieuses des Palestiniens déjà appauvris. Ce soir, ce sera l’hôtel Dan Tel-Aviv.
Cinquième jour
Direction, la vieille ville de Jaffa, un port vieux de 8000 ans. Promenez-vous dans les petites ruelles non oblitérées par les forces sionistes de la Nakba, et essayez d’envisager ce qu’était jadis cette ville palestinienne renommée pour ses entreprises commerciales, bancaires, ses pêcheurs et agriculteurs, ses usines nombreuses spécialisées dans la fabrication de cigarettes, du ciment , de tuiles et autres revêtements de toiture, de fer forgé, delà manufacture du coton, de tapis faits à main, de travaux de cuir, d’emballage pour les oranges de Jaffa, les textiles, les journaux, le tout, confisqué sans compensation par Israel.
Aux alentours de la ville, avant la Nakba, il y avait des kilomètres de vergers d’agrumes, dont les fameuses oranges de Jaffa. “Dans les années 1930 Jaffa exportait des dizaines de millions d’agrumes dans le monde, ce qui faisait des milliers d’emploi pour citadins et campagnards, ce qui, aussi les reliait aux centres commerciaux importants de la Méditerranée et de l’Europe.” (Jaffa : from eminence to ethnic cleansing .Electronic Intifada 25-2-09 )
Après cela, en voiture vers la colonie d’artistes de Ein Hod, un village d’artistes sympa, où pullulent galeries, musées, et restaurants. Prenez votre temps pour explorer l’art de l’Apartheid et du Brigandage, dans ce village intact mais ’nettoyé ’ ethniquement parlant, précédemment bien aimé et connu comme Ayn Aawd. Ces maisons palestiniennes sont maintenant habitées par des artistes sans pudeur, tandis que tout près, les habitants d’origine sont forcés de construire ce qui est un village ’non reconnu’, où les services de base, tels qu électricité et eau sont refusés. Conduisez vers Jérusalem, passez la nuit au king David Hotel .
Sixième jour
Après le petit déjeuner, dirigez-vous vers Mtl Herzl pour voir les tombes de Théodore Herzl, Golda Meir, Yitzhak Rabin et autres criminels de guerre.
Après cela, rendez-vous au Yad Vashem, Musées de l’holocauste qui décrit l’histoire de l’holocauste d’une perspective purement juive, mettant l’emphase sur les expériences des victimes entrevues à partir d’objets d’ origine, de témoignages de survivants et de leurs possessions personnelles.
Réfléchissez profondément à cette ironie abominable qu’est la leçon de l’holocauste juif : le « Jamais plus ! » qui a été renié par Israël, par la vénalité sioniste du lebensraum, garanti par chaque centime donné au JFN.
Ensuite, souvenez-vous des forêts du JFN dédiées aux leaders mondiaux, qui ont choisi pendant 65 ans d’ignorer volontairement, ignoblement, les cris et prières de l’holocauste palestinien, en négligeant leur obligation légale de protéger les droits politiques et les droits de l’homme en Palestine.
Une exception notoire et exemplaire de bienséance et de justice est celle de l’ambassadeur sud-africain en Israël, Ismail Coovadia qui, lorsqu’il prit sa retraite, refusa au ministère des affaires étrangères et du JFN, d’avoir 18 arbres plantés en son honneur dans la forêt des ambassadeurs et plus tard, 3542 arbres offerts en son nom, déclarant, « J’ai lutté contre l’Apartheid en Afrique du sud et maintenant, je ne peux pas faire partie de ce que j’ai vu en Israël, et qui est une répétition de l’ Apartheid. »
La mission émotionnelle et spirituelle du JFN, vers le flambeau de la démocratie et de la liberté s’achève ici. Prière de se rendre à l’aéroport pour un retour vers le bienséant. »
(Traduit par Ea Orhan)
*Vacy Vlazna est coordinatrice de Justice pour les questions de la Palestine(Justice for Palestine Matters) .Elle a été conseillère en droits de l’homme dans l’équipe du GAM dans la deuxième série des pourparlers de paix d’Acheh, Helsinki, en février 2005, puis s’en est retirée par principe. Vacy a été coordinatrice du groupe Justice du Timor oriental et y a milité avec UNAMET et UNTAET de 1999 à 2001.
CAPJPO-EuroPalestine
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