Sarko nous ressort hier, à Lille, le truc de l’identité nationale, versus valeurs chrétiennes : « Il s’agit de nommer les choses sans détour. Nommer le réel. Dire que la France est un pays d’empreinte et de tradition chrétienne ».
Valeurs chrétiennes, ça n’a pas toujours été fameux si l’on songe au rôle de l’Eglise dans la colonisation, ou aux calamiteuses croisades. Mais, ces valeurs, c’est aussi l’accueil du plus vulnérable, c’est la main toujours tendue à celui qui est dans la difficulté. Sans entrer dans trop de polémique, ces valeurs sont en réalité celles de toute l’humanité, toutes religions confondues, à partir du moment où on dégage la micro-frange des frappadingues. Bon. Pour ce soir, restons-en aux « valeurs chrétiennes » que Sarko situe dans les Eglises et les abbayes. Ça rappelle 2007 : il avait annoncé qu’en cas de victoire, il irait se recueillir dans un monastère, et on l’a retrouvé au Fouquet’s avec des intellectuels de haute volée, puis sur le yacht du philosophe moderne Vincent Bolloré.
Valeurs chrétiennes, racines chrétiennes, mon pote le Pape et ma copine Angela sont éloquents, et montrent le chemin au trublion Sarko.
Mon pote le Pape : « Il faut parler de racines au pluriel car il y en a tant. En ce sens, quand j’entends parler des racines chrétiennes de l’Europe, j’en redoute parfois la tonalité, qui peut être triomphaliste ou vengeresse. Cela devient alors du colonialisme. […]. Sur le fond, la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible. Je viens d’un pays où ils cohabitent en bonne familiarité. Les musulmans y vénèrent la Vierge Marie et saint Georges. Dans un pays d’Afrique, on m’a rapporté que pour le Jubilé de la miséricorde, les musulmans font longuement la queue à la cathédrale pour passer la porte sainte et prier la Vierge Marie. En Centrafrique, avant la guerre, chrétiens et musulmans vivaient ensemble et doivent le réapprendre aujourd’hui. Le Liban aussi montre que c’est possible ».
Ma copine Angela : Le 7 septembre 2015, elle avait expliqué sa politique d’asile en Europe : « La peur n’a jamais été bonne conseillère. Une culture ou une société dirigée par la peur ne maîtrise pas l’avenir. C’est une chance pour nous d’avoir le courage de pratiquer le christianisme, d’affirmer que nous lisons la bible ou que nous fréquentons l’église. C’est une occasion aussi pour nos hôtes musulmans de découvrir les valeurs du christianisme.» Sa ministre de la défense, Ursula von der Leyen, ajoute : « Un continent de 500 millions de citoyennes et citoyens ne peut pas voir ses fondements ébranlés et capituler face à 1,5 ou 2 millions de réfugiés ».
Bon. Donc, Sarko rejoint la tradition de la terre chrétienne comme terre d’accueil de ceux qui ont besoin de secours. Un million de réfugiés accueillis lors de sa première année de mandat, avec François et Angela qui viennent saluer la France s’ouvrir à l’hospitalité, après les années d’errements de Hollande et de El Blanco, ce serait classe, et la France se réinscrirait dans le temps présent, qui est celui de la solidarité.
Ou presque… Pour Sarko, la chrétienté, c’est pour exclure. L’Eglise ferait bien se sortir de son feuilleton nombriliste des pédophiles pour s’adresser au pays et parler de la vraie vie. Urgent.
C’est désolant, mais la campagne de 2017 se fera sur l’islamophobie, violente ou sournoise, mais centrale. Que ça nous plaise ou pas, ce sera la partition. Premier discours de Sarko, et ça pue déjà….
Blog de Gilles devers