L’Union africaine se saisit de la sécurité continentale par le biais de l’Architecture africaine pour la paix et la sécurité (African Peace and Security Architecture, APSA), une façon originale de se renouveler.
Au cours de la dernière réunion de la Commission paix et sécurité de l’Union africaine, à Addis Abeba, le 6 septembre, il est clairement apparu que la politique commune en matière d’interventions militaires relatives au maintien de la paix a pris une orientation nouvelle, synonyme de davantage d’efficacité.
C’est surtout par le biais de la Force africaine en attente (FAA), que l’Union africaine entend peser dans les dossiers les plus pressants, à savoir la lutte contre Boko Haram et celle contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Il est maintenant également question des soldats à engager dans les opérations conduites par le G5 Sahel, à savoir celles qui ont lieu conjointement avec les actions françaises de l’opération Barkhane.
C’est une avancée notable en matière d’intégration africaine. Chaque pays-membre se sent désormais directement concerné par les questions de sécurité, et chacun entend engager des soldats dans les opérations conjointes. Pour l’instant, le fait que ces dernières soient menées sous mandat de l’Union africaine ne constitue pas, comme pour les Nations unies, une manière de les légaliser. L’institution n’est pas encore garante de leur légitimité et il faut qu’existent des accords bilatéraux entre pays participants, notamment pour la traversée des frontières par les régiments.
C’est le cas pour la RCI-LRA, dont l’objectif est la poursuite de la LRA à travers la République démocratique du Congo, la Centrafrique, le Soudan du Sud, le Soudan et l’Ouganda ; ou encore pour la Force conjointe multinationale (MNJTF), qui poursuit Boko Haram au Cameroun, au Tchad, au Niger, au Nigeria et désormais également au Bénin. Et bien sûr, la nouvelle force mobilisée par le G5 Sahel est amenée à traverser les limites de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad.
Autant dire que les dispositions réglementaires sont très importantes, et qu’à terme il est normal d’envisager que l’Union africaine puisse se subroger aux traités bilatéraux, d’autant plus que ceux-ci sont parfois inexistants, comme par exemple entre le Cameroun et le Nigeria, historiquement adversaires à propos des délimitations, entre autres, de la presqu’île de Bakassi. Un gros travail pour les fonctionnaires de l’Union africaine mais, lorsque ce type de mandat verra le jour, ce sera une avancée décisive en direction de l’intégration régionale.