À Rio de Janeiro, au Brésil, s’est tenu un nouveau sommet pour sauver notre planète, vingt ans après le premier, historique, du genre. Mais il semble bien que la montagne ait accouché d’une souris.
Ce fut, en fait, un sommet pour peu de chose. Comment voit-on ces grand-messes, conclaves et sommets dans les pays de la périphérie ?
Dans les pays développés, il y a maints centres de recherche, organisations et laboratoires qui mesurent la dégradation de la Terre, ses souffrances à cause de l’effritement de la couche d’ozone, les effets de serre dus à la montée du carbone dans l’atmosphère. On prédit là le dégel et la fusion des calottes polaires, la montée du niveau des eaux des océans, de vraies catastrophes écologiques. Des milliards d’euros sont dépensés pour ces études.
À quoi bon ? se demande-t-on à la périphérie de la planète. Pour les jeter à la poubelle ? Puisqu’on ne fait rien de tout ce qu’il est demandé de faire.
À une certaine époque – mais s’en souvient-on ? –, on produisait des frigos, des voitures, des machines à laver, que sais-je, pour durer. En se mariant voilà plus de soixante-dix ans, mes parents ont acheté un frigo ; il marche toujours !
Au lieu de produire pour servir les consommateurs, on produit désormais pour le pur profit des producteurs. Il s’agit de pousser le public à acheter la nouveauté, à imposer des modes, à mettre au dépotoir ce qui marche, puisqu’il faut acheter le dernier modèle pour être comme tout le monde et son voisin. On dilapide l’énergie et les ressources qui ne peuvent se renouveler au lieu de les épargner. Il s’ensuit la pollution, les sécheresses ou les inondations…
Ce gaspillage se fait au détriment des pays de la périphérie, car c’est là qu’on trouve les minerais, le gaz et pétrole, l’uranium et le charbon pour la production et l’énergie. C’est bien aussi dans les pays de la périphérie qu’on trouve des terres, en friche ou pas, pour produire les biocombustibles. Il se peut que les habitants de ces lieux soient chassés de leurs terres. Et alors ? Pour les autoroutes et les embouteillages, on a besoin de combustibles bon marché.
Les grands organismes financiers internationaux, ceux de Bretton Woods comme de l’Europe, forcent la périphérie à ouvrir toutes les portes aux intérêts des transnationales en même temps que, dans les pays du Centre, ils poussent à la consommation.
La crise de l’endettement des pays du Nord et de leurs citoyens résulte en grande partie de ces injonctions à consommer au-delà de leurs capacités. On vous donne des cartes de crédit, on vous somme de dépenser pour la nouvelle maison, les nouveaux meubles, la voiture à peine sortie de l’usine, les objets dernier cri, tout ce que vous payerez demain. Puis l’argent fait défaut, les taux d’intérêt ne cessent d’augmenter, les banques se rebiffent et l’inimaginable arrive.
Le sommet de Rio a échoué parce que ceux dont dépendent les décisions essentielles sur la réduction de la consommation, de l’énergie et des matières premières s’y refusent. En ajournant les actions indispensables à l’équilibre de l’environnement, les patrons de l’économie mondiale font l’autruche : ils se mettent la tête sous le sable en croyant faire disparaître les dangers.
Nul ne doute qu’il faut changer de logique pour sauver la planète et l’économie ; les finances doivent suivre les exigences de la politique et non le contraire. L’économie doit être au service des gens et en faveur du progrès des sociétés, non pour répondre seulement aux exigences des bilans financiers et des profits coûte que coûte.
Ces réflexions toutes simples, qui ne sont pas le fait d’un écologiste radical, on les a retrouvées dans presque tous les médias de l’Afrique australe et dans les interventions des chefs d’État de la région, lors du sommet de Rio. Ces derniers ont mis l’accent sur l’impératif de mettre fin à la pauvreté et pas seulement à « la pauvreté extrême », comme on lit dans le document final du sommet – une sorte de compromis plus ou moins imposé par les pays riches pour avoir un texte traitant des pays en développement.
Mais pour préserver le climat indispensable à la survie de l’agriculture et de la biodiversité dans nombre de ces pays, et dans les pays africains en particulier, c’est tout d’abord un grand effort de la part des plus grands pays pollueurs, c’est-à-dire les puissances industrialisées, qui est exigé.
La lutte continue !